LE QUOTIDIEN : Dans 18 mois, le CNOM procédera au renouvellement de la moitié de ses membres. Vous faites partie de cette moitié. Vous représenterez-vous ?
DR PATRICK BOUET : Comme conseiller national, oui (sourires…). Si l’Ordre arrive à être compris et à être le moteur d’une grande réflexion nationale sur le système de santé, s’il parvient à aider les médecins à reprendre confiance en eux-mêmes, nous aurons rempli une partie du mandat moral que nous avons avec l’ensemble des praticiens.
Il y a dans ce pays des professions qui méritent le respect de la nation, et celle de médecin en fait partie. Ne pas reconnaître la place particulière du médecin dans la société, ce serait lui faire la même injure que celle que l’on ferait à des enseignants, des policiers ou bien des militaires. Je n’aurai de cesse avec l’Ordre de le réaffirmer.
Vous réclamez un Grenelle de la Santé comme un leitmotiv…
Je suis inquiet du fossé qui se creuse entre la classe politique et les médecins. Je suis inquiet d’un système dans lequel la valeur économique l’emporte sur l’humain. Nous réclamons un Grenelle de la Santé car nous devons réfléchir à l’équilibre de notre système de santé. La loi de santé n’est pas une fin en soi. Au-delà, les professionnels de santé et les citoyens attendent un débat d’une tout autre nature. Nous l’appelons de nos vœux et y jouerons tout notre rôle, mais nous n’avons pas vocation à l’organiser. Si j’appelle ça un « Grenelle », c’est parce que le Premier ministre doit y prendre ses responsabilités. La France doit prendre à bras-le-corps la réflexion sur son système de santé confronté à tant de défis.
Quel est votre programme de travail pour les 18 prochains mois ?
Comme tous les autres acteurs politiques ou administratifs, nous allons nous atteler à la régionalisation, qui aura une incidence sur la vie ordinale. Nous continuerons par ailleurs la modernisation de l’institution, en dématérialisant par exemple l’inscription à l’Ordre. Nous allons aussi travailler à la transparence des relations avec l’industrie.
L’Ordre n’est pas satisfait du Sunshine Act ?
Ni du décret, ni de la circulaire. Les restrictions de déclarations ne nous paraissent pas compatibles avec l’attente de transparence. Nous avons déposé un recours auprès du conseil d’État. Si nous sommes entendus, ça sera le signal qu’il faut mettre en place une réelle transparence, qui consiste à ne rien occulter sur les liens d’intérêt. Il n’y a aucune raison qu’un médecin faisant sa déclaration d’intérêt aux États-Unis et en France n’affiche pas le même nombre de liens d’intérêt. Ces liens ne sont pas coupables. Ce qui peut les rendre suspects, c’est de ne pas les connaître, et la transparence est là pour y remédier.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature