L'élection du nouveau président du Conseil national

Dr Michel Legmann : donner une nouvelle image de l'Ordre

Publié le 01/07/2007
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LE Dr MICHEL LEGMANN, qui était jusqu'à présent le premier vice-président du Conseil national de l'Ordre des médecins, a été élu président de l'institution lors du scrutin du jeudi 28 juin dernier.

Agé de 67 ans, radiologue en exercice, maire-adjoint de Neuilly-sur-Seine depuis 1983 (la ville dont Nicolas Sarkozy a été maire), vice-président de la Fnmr (Fédération nationale des médecins radiologistes), vice-président du Conseil national de la formation médicale continue des médecins libéraux, l'homme passe pour un bosseur : «Je suis président de l'Ordre, a-t-il assuré, mais je suis aussi radiologue et maire-adjoint de Neuilly. Je continue tout, mais je vais déléguer car je ne suis pas un mandarin.»

On le dit aussi très politique, ce qui le fait réagir : «S'il s'agit de la belle politique, je suis d'accord. Mais s'il s'agit de politique politicienne, non, je ne le suis pas.»

Nouveau partage des tâches.

Au lendemain de son investiture, Michel Legmann a tenu à tracer les grandes lignes de l'action qu'il entend mener à la tête de l'institution. Fils d'immigré hongrois lui-même, comme il a tenu à le préciser (on le dit proche du nouveau président de la République), Michel Legmann entend mettre sur pied dès le mois de septembre un groupe de travail interne au Cnom, chargé de réfléchir à «un renouvellement du fonctionnement de l'institution». Pour Michel Legmann, il faudra désormais distinguer la fonction du secrétaire-général, «qui concerne la bonne marche de la maison», de celle du président qui devra désormais se concentrer sur «la représentation à l'extérieur, et les relations politiques et institutionnelles» avec notamment les syndicats de médecins. « Jusqu'à présent, ajoute à ce sujet le nouveau président, le partage des tâches n'était pas clair, ce qui a amené de l'ambiguïté sur certains dossiers. Vu de l'extérieur, l'image de l'Ordre n'était pas assez claire.»

Mais le nouveau président n'entend pas en rester là. Il compte demander aux pouvoirs publics d'autoriser une modification du mode de scrutin des conseillers nationaux, afin qu'ils soient désormais élus pour trois ans contre deux actuellement. Tout cela afin d'éviter que la valse de conseillers (et de présidents) que connaît l'Ordre depuis la crise de 2001 ne continue.

L'Ordre vit en effet sous un mode de scrutin particulier : les conseillers nationaux sont réélus par tiers tous les deux ans, et à l'issue de ce renouvellement, les conseillers nationaux élisent le bureau de l'institution, c'est-à-dire le président, le secrétaire général, les vice-présidents et le trésorier. Le poste de président de l'institution est ainsi régulièrement remis en jeu.

Pour la rémunération des élus.

Mais il y a plus. Alors que l'Ordre départemental de Paris est agité par la révélation des rémunérations servies à son président, son secrétaire général et à une bonne partie du bureau (révélations qui ont conduit Xavier Bertrand à diligenter une enquête de l'Igas), Michel Legmann compte mettre prochainement sur la table l'ensemble du dossier. «Nous avons besoin d'un vrai statut de l'élu, a-t-il indiqué, proche de celui des hommes politiques, et qui permette de conjuguer différentes activités.»

Le président de l'institution prend ainsi l'exemple des conseillers nationaux obligés de se faire remplacer lorsqu'ils travaillent pour le Cnom, «ce qui leur coûte très cher: si on ne rémunère pas les élus, prévient-il, il n'y aura plus de volontaires. Les pouvoirs publics doivent prendre cela en compte». Mais Michel Legmann assure qu'il n'est pas pour autant question de demander de l'argent à ces mêmes pouvoirs publics, il leur demande seulement «un statut juridico-fiscal» qui autorise ces rémunérations. Celles-ci (dont le montant n'a pas été précisé) seraient assurées par les cotisations ordinales qui devraient augmenter d'autant.

Michel Legmann a aussi commenté quelques dossiers chauds du moment. Celui de la PDS ? «Il n'est pas réglé, regrette-t-il. Il faudrait déjà commencer par rémunérer les gens le samedi après-midi, et arrêter de mégoter. Oui à l'incitatif, non au coercitif. Pour le moment, les incitations me paraissent bien minces.» Même chose en matière de démographie médicale : «Les incitations en la matière s'apparentent à des mesurettes.»

Sur le délicat problème des dépassements d'honoraires, pointés par un rapport de l'Igas au début de l'année (l'Ordre est statutairement chargé de faire respecter «le tact et la mesure» en la matière), Michel Legmann avoue son impuissance : «C'est en fonction de la conscience de chacun. Mais je note qu'il y a un décalage entre les facultés de remboursement de l'assurance-maladie et la valeur des actes. Si bien qu'il est très difficile de fixer un cadre. Les médecins sont des professionnels de très haut niveau, avec 15ans d'études. Leurs actes valent quelque chose, mais combien? Je crois que fixer un cadre n'est pas possible. En revanche les dessous-de-table sont inadmissibles, tout comme les refus d'accès aux soins.»

Des bons rapports avec les syndicats.

Sur le burn-out des médecins, objet d'une récente étude de l'Urml Ile-de-France, Michel Legmann a aussi sa petite idée : «Il n'y a pas d'âge pour le burn-out, qui vient des conditions de travail. Je crois que le burn-out augmente parallèlement aux contraintes administratives.»

La réforme des études médicales a également été abordée. Le président plaide pour une sélection dès le niveau bac, «afin qu'on ne laisse plus aller dans le mur des milliers d'étudiants dont on fait ainsi des aigris».

Quant à la formation médicale, «elle manque d'humanisme. Il n'y a, par exemple, aucune formation à la consultation d'annonce».

En concluant sa première intervention en tant que président, Michel Legmann a voulu donner des gages aux syndicats médicaux : «J'ai d'excellents rapports avec tous les syndicats. Nous travaillerons de concert sans empiéter sur leurs domaines.»

Le nouveau bureau

Président : Dr Michel Legmann

Secrétaire général : Dr Walter Vorhauer

Vice-présidents : Dr Jacques Lucas ; Pr Claude-François Degos ; Dr Elie Chow-Chine ; Dr Jacques Mornat

Présidents de section :

– éthique et déontologie : Dr Michel Gelard-Thomachot

– exercice professionnel : Dr Jean-François Knopf

– formation et compétences médicales : Dr Xavier Deau

– santé publique : Dr Irène Kahn-Bensaude

Secrétaires généraux adjoints : Dr Pierre Jouan ; Dr Michel Fillol ; Dr Jackie Ahr

Trésorier : Dr Jean-Marie Colson

Trésorier adjoint : Dr Lionel Prentout

> HENRI DE SAINT ROMAN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8197