La carrière hospitalière du Dr Marie-Ange Desailly-Chanson tient finalement beaucoup aux hasards. « J'ai fait médecine pour devenir pédiatre. Finalement, les classements du concours de l'internat ont fait de moi une biologiste », avoue-t-elle aujourd'hui sans regrets.
Elle est peu tentée par l'hôpital public à la fin de ses études et l'opportunité d'un remplacement au centre hospitalier départemental de La Roche-sur-Yon en Vendée lui font finalement emprunter la voie du concours de praticien hospitalier (PH).
Mais cette jeune femme, pourtant discrète, n'a pas un tempérament à faire les choses à moitié. Depuis, son investissement dans son métier et dans son établissement est total. « Quand une femme s'investit, elle le fait entièrement », affirme-t-elle, sauf admettre qu'on fait dans ce domaine une différence entre les hommes et les femmes. Spécialiste en microbiologie, informatique et statistique, elle s'est très rapidement engagée au sein du comité médical d'établissement dont elle est devenue, il y a quelques mois, la présidente.
« Evidemment, ça a surpris mes confrères. Une femme, biologiste et qui plus est chef de service à la tête de la CME, c'était une petite révolution », confie-t-elle.
De ce point de vue, le Dr Desailly demeure en effet une exception. Elles sont deux en tout et pour tout à occuper ce poste dans la région des Pays de la Loire. Et pour cause. Entre son travail, ses astreintes et les multiples commissions auxquelles elle appartient, c'est du 8 h-20 h tous les jours, sans compter au moins une réunion le soir une fois par semaine. D'autant que le Dr Desailly-Chanson a décidé d'ajouter une corde à son arc en s'orientant désormais dans le domaine de la qualité, ce qui lui fera suivre une semaine par mois à partir de l'année prochaine les cours de l'Institut supérieur de management par la qualité. « C'est vrai que ça prend du temps. Je l'ai accepté. Il faut dire que je suis célibataire et sans enfants et que ma spécialité me permet d'organiser davantage mon temps de travail. Sinon ce ne serait pas possible, à moins vraiment d'être très organisée », explique-t-elle admettant que la réduction d'activité à 60 ou 80 % pour laquelle optent certaines de ses consurs qui ont des enfants « ne favorise guère la prise de responsabilités ».
Visiblement fière du chemin parcourue, elle estime cependant que le fait d'être une femme à l'hôpital ne représente ni un avantage ni un inconvénient. « Si on le veut, on le peut », explique-t-elle avec détermination, persuadée, comme de nombreuses femmes de sa génération, que le caractère et la personnalité sont plus décisifs que le sexe. « Comme dans tous les secteurs où les femmes avaient jusque là peu de responsabilités, c'est toujours un peu difficile d'être les premières mais je n'ai jamais éprouvé de difficultés particulières », ajoute le Dr Desailly, en reconnaissant pourtant qu'il peut encore exister encore çà et là quelques « vieux dinosaures », comme elle les appelle, qui pratiquent la discrimination.
Les nouveaux comportements ou revendications des praticiens hospitaliers tiennent davantage, selon elle, à un phénomène de génération qu'à une féminisation du corps comme certains le laissent entendre. « Les nouvelles générations, c'est vrai, veulent désormais travailler comme tout le monde, ne plus être taillables et corvéables à merci comme autrefois. C'est tout ! »
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