LE QUOTIDIEN : Il a fallu un an et demi de négociations pour réformer l’ostéopathie. Les décrets enfin publiés sont-ils de nature à réguler la profession ?
Dr MARC BAILLARGEAT : Oui. La réforme qui a été arrêtée est extrêmement contraignante pour les écoles d’ostéopathie. Il existe près de 80 écoles aujourd’hui. Elles doivent désormais remplir 24 critères ! Si les textes sont appliqués correctement par la commission nationale d’agrément, seules une dizaine ou une quinzaine d’écoles rempliront ces critères. Avec cette réforme, il n’y aura plus de mauvais ostéopathe formé. Tout le monde sera sur un pied d’égalité si les critères définis sont respectés.
Cette réforme va-t-elle permettre de réguler le nombre de professionnels en exercice ou faut-il instaurer un numerus clausus à l’ostéopathie ?
Le numerus clausus est régalien et il est compliqué à mettre en place. Le principe de cette réforme est de limiter le nombre de professionnels grâce aux critères de formation. Le texte prévoit un enseignement plus construit de 4 860 heures pour les ostéopathes exclusifs et qui répond à un référentiel de formation. Les écoles auront un agrément pour un nombre limité d’étudiants.
Il existe d’énormes problèmes en raison de la "surpopulation" dans la profession. Des ostéopathes exclusifs sont présents dans des cabinets médicaux alors que c’est interdit par l’Ordre. Certains professionnels se font passer pour des médecins, cela pose un vrai problème. Mais les médecins hésitent à porter plainte pour ne pas être accusés d’être anticonfraternels.
Les critères fixés spécifiquement pour la formation des médecins à l’ostéopathie sont-ils satisfaisants ?
Il existait jusqu’à présent une diversité de diplômes interuniversitaires (DIU) de durée différente. L’IGAS a inspecté une école de Lyon, qui à l’époque était une catastrophe. Certains DIU pouvaient être réalisés en quelques week-ends... Il faudra dorénavant trois années aux médecins pour suivre un enseignement complémentaire en ostéopathie de 436 heures et une formation pratique clinique estimée à 300 heures (150 consultations). Ce processus permettra aux médecins, mais aussi aux autres professionnels de santé (podologues, infirmiers, kinésithérapeutes...), de tenir compte des acquis de leur expérience.
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