La semaine dernière, 20 feuilles de soins électroniques ont filtré du cabinet médical du Dr X. G., médecin généraliste de 40 ans installé depuis deux ans en centre-ville d’une préfecture de province. En temps normal, c’est plutôt 150. Depuis le 5 janvier, le Dr G. est un gréviste assidu. Il n’est pas syndiqué, facture sa consultation à 30 euros et ne comprend pas « l’obstination » de Marisol Touraine à vouloir imposer le tiers payant intégral généralisé. Surtout, il s’inquiète de l’avenir de la médecine libérale.
« Refuser la télétransmission est un très bon moyen d’expliquer aux patients ce qui les attend, témoigne-t-il. Après chaque consultation, je remets une feuille de soin papier, un article de presse sur la généralisation du tiers payant et un petit texte explicatif écrit par mes soins. Je me sens bien plus utile dans cette forme de protestation que lorsque j’ai fermé mon cabinet, entre Noël et le jour de l’an. Chaque médecin est resté chez lui alors que pour une fois, on avait le temps de préparer une manifestation commune. J’en ai retiré une certaine frustration. »
Incompréhension
« Très surpris » du niveau d’information de ses patients, qui comprennent « en grande majorité » les raisons de la colère médicale – beaucoup sont concernés par la loi Macron et ont une dent contre le gouvernement –, le Dr G. pratique le tiers payant dans 23 % des cas. « J’ai beau être en secteur II, je ne suis pas en dessous de la moyenne », insiste-t-il.
Le généraliste rejette la future loi de santé dans son ensemble. La délégation du suivi de grossesse, de la vaccination et de l’éducation thérapeutique à d’autres professionnels de santé l’agace tout autant que la place accordée aux mutuelles et aux agences régionales de santé (ARS). « Je fais grève car avec cette loi, on nous enlève du soin pour nous imposer plus d’administratif », résume-t-il.
Pour lui, la généralisation du tiers payant demeure « incompréhensible », compte tenu des dispositifs sociaux existants (aide à la complémentaire santé, CMU) et de la réalité de la pratique médicale. « Tous les médecins sont arrangeants avec les patients qui sont un peu justes. On encaisse simplement leur chèque plus tard ! »
Cette semaine, le Dr G. poursuit sa guérilla « sur le même mode, en informant le patient ». Jusqu’à quand ? « Tout dépend du ministère. Dans le département, tous les généralistes ont embrayé. Marisol Touraine ne peut rester sourde à un tel mécontentement. Il faudra bien qu’elle nous entende. »
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