LE QUOTIDIEN : Qu’apportent les objets de santé connectés aux cardiologues ?
DR ÉRIC PERCHICOT : Des informations supplémentaires pour assurer le suivi des insuffisants cardiaques. Grâce à la santé connectée, l’insuffisant cardiaque peut réaliser une courbe de son poids et de sa fréquence cardiaque. En ayant une conscience de ces données, le médecin peut anticiper les poussées.
Autre exemple, les cardiologues ont pour habitude de recommander à leurs patients insuffisants de marcher entre 30 et 45 minutes chaque jour. Certains le font, d’autres non. Avec le smartphone, nous avons la preuve de ce que nos patients avancent en consultation. C’est mieux que la parole.
Les 6 000 cardiologues de France partagent-ils votre enthousiasme ?
La profession est globalement favorable à la santé connectée. Notre spécialité est plus habituée qu’une autre au suivi à distance, avec la surveillance des stimulateurs cardiaques et des défibrillateurs, dans le cadre de la télémédecine.
Certes, quelques confrères imaginent que les « applis » parasitent leur relation avec le patient. Ceux qui continuent à s’accrocher à la posture traditionnelle – et anachronique – du cardiologue tout puissant rechignent à se mettre à la page.
Je vois les choses autrement. Impliquer plus fortement le patient dans sa prise en charge est un succès en terme d’éducation thérapeutique. Un cours de travaux pratiques est toujours plus efficace qu’un cours magistral.
Quels sont les freins à l’appropriation des objets connectés par les médecins ?
Comparons monde médical et aviation. Chaque avion est équipé d’une boîte noire. En cas de crash, c’est toute une histoire pour la localiser. Pourquoi ce dispositif n’est-il pas en mesure d’envoyer de lui-même des informations en direct ? Pour des questions de coût et de responsabilité. Qui va surveiller en permanence la boîte noire et à quel prix ? Qui va déclencher l’alerte ? Et si la réponse n’est pas appropriée ? Les mêmes questions se posent pour nous ! Celle relative au remboursement des dispositifs au bénéfice médical reconnu est primordiale.
Autre frein : l’innovation risque d’aller plus vite que les règles conventionnelles. C’est ce qu’il se passe pour les cardiologues avec la rémunération de l’acte de télésurveillance des défibrillateurs implantables. Nous sommes encore en négociation, alors que l’intérêt médical de ce télésuivi a été prouvé depuis des lustres.
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