DEPUIS le vote de la réforme de l'assurance-maladie cet été, la voix de MG-France était restée discrète. La rentrée syndicale a surtout été marquée par les universités d'été respectives de la Csmf et du SML, et par les négociations sur la Ccam technique.
Mais le syndicat de généralistes revient aujourd'hui en force dans le débat professionnel à l'aube de négociations conventionnelles ardues.
Au menu : une vaste enquête sur le statut et la fonction du « médecin traitant », réalisée à travers un questionnaire adressé aux généralistes dont MG-France tirera les premières leçons dans quinze jours (une deuxième étude s'adresse spécifiquement aux 7 000 médecins référents) ; le syndicat tiendra ensuite son quatrième congrès à Nantes, du 19 au 21 novembre, sur le thème « médecin généraliste : le spécialiste en soins primaires ». A cette occasion, le Dr Pierre Costes, président de MG-France, affirmera sa stratégie « de la manière la plus puissante possible ».
Médecine de première ligne.
Sur le fond, le syndicat de généralistes a déjà fait ses comptes. Promoteur historique de « modes d'emploi » et autres « parcours de soins » via des soins primaires clairement identifiés et des équipes interprofessionnelles de proximité, MG-France constate que la réforme va clairement dans ce sens. « Il ne s'agit absolument pas de dire que la loi est super, nuance le Dr Costes. Mais elle comporte des éléments structurants autour d'une médecine de première ligne, qui oriente les patients vers les soins secondaires sur la base de protocoles standardisés, ce que le Québec appelle l'échelonnement des soins ; après des années d'une offre anarchique, les changements sont possibles. » C'est la raison pour laquelle, dans le cadre d'une négociation aussi bien « nationale que régionale », MG-France a décidé d' « accompagner » la nouvelle donne « qui repose sur des contrats ». Une négociation qui, précise le Dr Costes, n'a pas commencé parce que la nouvelle gouvernance « n'est pas en place ». Ce qui n'empêche pas des contacts réguliers avec Frédéric Van Roekeghem, le nouveau directeur général de la Cnam.
90 % des médecins traitants seront des généralistes.
En attendant les résultats des enquêtes lancées auprès des généralistes, le président de MG-France pose des jalons. Et rappelle un principe « de base » : à toute fonction ou charge nouvelle pour le généraliste devront correspondre des « moyens nouveaux ». Faudra-t-il une majoration de l'acte pour la coordination ? Une consultation pour l'ouverture initiale de dossier, une consultation de synthèse, de suivi ? Une rémunération liée aux protocoles ALD ? De nouveaux forfaits ?
Le Dr Costes ne veut pas sortir du bois prématurément mais il s'est forgé quelques certitudes. « Quatre-vingt-dix pour cent des médecins traitants seront des généralistes et les patients qui ont déjà un médecin référent le choisiront comme médecin traitant (1). » Le message est clair : les pouvoirs publics devront investir sur cette médecine de premier recours, désormais au cœur du système de soins.
La fin de l'anarchie tarifaire.
Dans ce système « mieux organisé », MG-France souhaite que les spécialistes retrouvent et puissent valoriser leur « rôle de consultant ou de correspondant ». A la clé, moins d'actes mais mieux rémunérés. Mais pour le Dr Costes, les tarifs des spécialistes une fois majorés devraient être identiques quel que soit le mode de recours du patient, dans le cadre des parcours de soins ou en dehors (lorsque le patient n'est pas adressé par un médecin traitant). Autrement dit, pour MG-France, c'est bien le niveau du remboursement qui incite éventuellement le patient à adopter un comportement « vertueux » et en aucun cas l'espace de liberté tarifaire octroyé au spécialiste en accès direct. « On ne va pas généraliser en ville les effets pervers du système privé hospitalier, tranche le Dr Costes. Utiliser la liberté tarifaire comme mode d'organisation des soins, nous ne le voulons pas, c'est la loi du plus fort et la barbarie. » A l'heure où la plupart des spécialistes vivent le secteur I comme un carcan tarifaire, et réclament une bouffée d'oxygène, le discours de MG-France augure de négociations houleuses.
(1) La loi précise que, dans le cas où l'assuré désigne un médecin traitant autre que son médecin référent, ce dernier, pour ce qui concerne cet assuré, perd les avantages de l'option conventionnelle (forfait annuel). L'assuré perd également ces avantages (dispense d'avance des frais...).
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