APRÈS LE DRAME de l'été dernier, « nous savons que la chaleur peut tuer », a déclaré le ministre de la Santé et « le plan que je vais vous présenter va vous montrer que nous en avons tiré les leçons ».
Ce plan canicule, qui résulte d'un travail collectif de concertation et de mise en réseau, le ministre a annoncé qu'il en assumera « personnellement » la responsabilité. Grâce à sa mise en place, « les services de l'Etat seront organisés pour réagir aux alertes efficacement et sans délai ». Et cela, dès cet été. Dans les faits, le directeur de l'Institut national de veille sanitaire (InVS), responsable de la collecte des données sanitaires, a personnellement la charge d'avertir le ministre de la Santé, qui déclenche alors l'alerte. Localement, c'est le préfet qui est dès lors aux commandes.
Responsabilité des acteurs, efficacité des procédures : « Le nouveau dispositif d'alerte et de gestion de crise répond à ce double objectif », a assuré le ministre. Un accent tout particulier sera donné à la prévention et à la solidarité.
Dans le détail, quelles mesures sont prévues ? Le plan ministériel institue quatre niveaux d'alerte progressifs (informations consultables sur Internet*). Le niveau 1, dit de vigilance, sera activé du 1er juin au 1er octobre de chaque année. Durant cette période, l'InVS et Météo France mettent en place une procédure de veille climatique et sanitaire ; des messages de recommandation sanitaire sont diffusés. Début juin, un comité interministériel canicule s'assure de la mise en œuvre, dans les hôpitaux et maisons de retraite, des équipements en climatisation et de la gestion des fermetures de lits. Ce comité dresse un bilan de la saison en octobre.
Le niveau 2, dit d'alerte, est déclenché par les ministres chargés des Personnes âgées et de la Santé, après que ce dernier a été informé par le directeur de l'InVS. Les deux ministres constituent alors une cellule de crise composée des principaux services concernés (DGS, Dhos, Dgas, InVS, Météo France...) chargée notamment de traiter et de transmettre les informations vers les chaînes opérationnelles. Dans chaque département, le préfet active parallèlement une cellule de crise chargée de coordonner l'action d'ensemble et de définir les adaptations nécessaires en cas de problème d'organisation de la permanence des soins. Cette cellule locale veille aussi à la continuité de la prise en charge des personnes les plus fragiles, en surveillant notamment le fonctionnement des services d'urgences.
Le niveau 3, dit d'intervention, est activé par le ministre de la Santé sur recommandation de l'InVS et du PC santé qu'il préside. Les préfets passent alors de l'alerte à l'intervention, en actionnant les plans bleu (mobilisation des maisons de retraite), blanc (mobilisation des services d'urgences et des hôpitaux), rouge (mobilisation de la sécurité civile et des pompiers) et vermeil, à destination des personnes âgées isolées. Ils s'assurent aussi de la permanence des soins auprès des médecins de ville. « Le Conseil de l'Ordre va mettre en place un numéro de téléphone unique par département recensant tous les professionnels disponibles en cas de crise », a annoncé le ministre de la Santé. Après avoir centralisé les informations, le comité interministériel de gestion des crises diffuse les instructions dans les départements concernés.
Enfin, si les conséquences de la canicule dépassent les champs sanitaire et social, le quatrième niveau d'alerte, dit de réquisition, permet aux ministres de l'Intérieur, de la Défense et de la Santé de saisir le Premier ministre, qui peut alors décider de réquisitionner tous les moyens civils et militaires nécessaires (transports, armée, médias). « Le niveau 4 d'alerte passe par exemple par la suppression de toutes les opérations programmées à l'hôpital », a indiqué Philippe Douste-Blazy. Les plans bleu, blanc, rouge et vermeil sont renforcés, tandis que les élus locaux font remonter les informations du terrain. Dans les régions concernées, les Drass mettent en place une cellule d'appui comprenant notamment l'ARH. Ses missions : organiser des filières de prise en charge des personnes, gérer les stocks de produits de santé, organiser la gestion des corps des personnes décédées ou encore centraliser les données épidémiologiques.
A ce plan d'alerte organisé en quatre niveaux, s'ajoutent d'autres mesures transversales : campagne d'information de la population, recensement des personnes âgées, amélioration des soins gériatriques, suivi de la mise en œuvre du plan urgences... Le plan canicule se veut le plus global possible. D'autres mesures pourront le compléter, comme l'augmentation, en cas de canicule, du quota d'heures supplémentaires des infirmières - une proposition de Philippe Douste-Blazy.
Le ministre a par ailleurs annoncé le déblocage prochain de plus de 20 millions d'euros du fonds de modernisation des établissements de santé, « pour que les hôpitaux soient aussi équipés en pièces de rafraîchissement ». En revanche, le ministre estime qu'il est trop tôt pour chiffrer précisément le coût global de son plan.
Le plan canicule a-t-il prévu toutes les éventualités ? « Un dispositif, quel qu'il soit, n'est pas infaillible, a reconnu humblement Philippe Douste-Blazy, au terme de sa présentation. Le Premier ministre a voulu ce plan. Le voici, je l'espère le plus global possible. Est-ce suffisant ? Tout dépend du risque considéré. Mais qu'il fasse chaud, froid, qu'il pleuve ou qu'il vente, ces situations exceptionnelles appellent souvent des réponses similaires. » Le ministre de la Santé a donc proposé d'étendre prochainement aux autres risques le plan canicule.
* Un nouveau lien sur le site du ministère de la Santé (www.sante.gouv.fr) renvoie à un site spécialement consacré à la canicule et aux grosses chaleurs, qui détaille le plan canicule, présente les quatre niveaux d'alerte et rappelle les actions de prévention essentielles.
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