C'EST L'HEURE DE VERITÉ pour Philippe Douste-Blazy. Après avoir abondamment consulté (syndicats de salariés, patronat, Mutualité, usagers, médecins libéraux, praticiens hospitaliers, etc.), certes, un peu moins que son prédécesseur Jean-François Mattei, qui détient un record en la matière, avec cinquante-sept délégations reçues, le ministre de la Santé passe un grand oral devant la mission d'information sur l'assurance-maladie, voulue et pilotée par Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée nationale.
Philippe Douste-Blazy devrait présenter les grandes lignes du projet gouvernemental, que les parlementaires voteront avant la fin du mois de juillet. A l'UMP comme au PS, les députés manifestent depuis quelques semaines leur désir d'en découdre (lire ci-dessous). Ils réclament des orientations claires, après les pistes qui ont filtré sur la gouvernance unifiée de l'assurance-maladie (« le Quotidien » du 19 avril), la création d'une Haute Autorité indépendante, divers mécanismes de responsabilisation financière des patients ou encore la remise en cause de la liberté d'installation des libéraux. Une certitude : Philippe Douste-Blazy exclut de revenir à un encadrement « comptable » des dépenses, à la fois inefficace et honni par la profession .
Traitement de choc ou homéopathie.
Au-delà de la question du pilotage institutionnel de l'assurance-maladie, qui monopolise l'attention, mais intéresse assez peu les Français, tous les partis politiques veulent entrer dans le vif du sujet : la réorganisation du système de soins (quelles conséquences pour les médecins généralistes, les spécialistes, l'hôpital, les patients ?), mais aussi les inévitables mesures de redressement financier. La volonté de s'approprier le deuxième grand chantier social de la législature (après les retraites) est particulièrement forte au PS qui, ragaillardi par son succès électoral, réclame une confrontation « projet contre projet », devant l'opinion. La réforme de la Sécu dans les délais est également jugée « ultraprioritaire » à Matignon, ce qui interdit de repousser plus longtemps une discussion publique.
Le calendrier va donc s'accélérer. Un projet de loi devrait être transmis au conseil d'Etat vers le 20 mai, puis au conseil des ministres à la mi-juin. Un agenda très serré que Philippe Douste-Blazy revendique, dans la mesure où le déficit de l'assurance-maladie se creuse de « 23 000 euros par minute ». Mais, face au mal qui ronge la Sécu « à la française », le mystère demeure : ce gouvernement de « cohésion sociale » va-t-il administrer cet été un traitement de choc global, ou choisir diverses mesures à dose filée, étalées sur plusieurs mois ?
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