Selon les résultats d'une étude multicentrique randomisée menée en simple aveugle sur une centaine de patients, des médecins néerlandais (Groene Hart Hospital, Gouda) recommandent l'abandon du traitement des adhérences chez les patients se plaignant de douleurs abdominales chroniques. En effet, la réalisation d'une simple laparoscopie diagnostique conduit aux mêmes bénéfices pour le malade : le pourcentage de malades chez qui une diminution notable ou une disparition des douleurs est observée à la suite d'une laparoscopie est identique, qu'une cure des adhérences ait été ou non réalisée.
Pour parvenir à ces conclusions, Swank et coll. ont recruté 109 patients souffrant de douleurs abdominales chroniques, continues ou intermittentes, attribuées à des adhérences. L'intensité de leurs douleurs a été évaluée au début de l'étude à l'aide d'une échelle visuelle analogue (test VAS). De plus, un questionnaire (MOS SF-36) a permis aux auteurs de mesurer la qualité de vie des sujets participant à l'étude. Enfin, le détail des prises d'analgésiques au cours de la semaine précédant la laparoscopie a également été noté.
Deux groupes de malades
Au cours d'une laparoscopie diagnostique, la présence d'adhérences a pu être confirmée chez 100 des 109 malades recrutés. Les chirurgiens ont noté la fréquence (nombre d'organes affectés), l'étendue (pourcentage affecté de chaque organe) et le type des adhérences présentés par les patients.
De manière aléatoire, les malades ont été répartis en deux groupes : une cure complète ou partielle des adhérences a été réalisée chez 52 sujets et les 48 autres patients n'ont reçu aucun traitement. Les patients n'ont pas eu connaissance du groupe auquel ils appartenaient pendant les 12 mois suivant l'intervention.
Au cours de cette période, les malades ont été examinés à trois reprises : trois, six et douze mois. A chaque visite, la douleur ressentie par les patients, leur qualité de vie et leur consommation d'analgésiques ont été mesurées.
L'analyse de ces données a permis de montrer que, un an après l'intervention, le pourcentage de patients ne ressentant plus aucune douleur ou des douleurs très nettement diminuées était identique dans les deux groupes, contrôle et traité (27 %). Chez 43 % des sujets appartenant au groupe traité, la douleur est restée identique ou s'est amplifiée après la laparoscopie. Ce pourcentage atteint 58 % dans le groupe contrôle du fait de la proportion plus élevée de patients chez lesquels la laparoscopie n'a pas modifié l'intensité des douleurs (27 % vs 43 %).
Trois mois après l'intervention, le test VAS a en moyenne donné des résultats légèrement meilleurs dans le cas des sujets contrôles. Mais, à six et douze mois, les scores du test VAS des patients de deux groupes étaient en moyenne identiques et légèrement plus élevés qu'à trois mois. Ces données pourraient refléter l'effet placebo de la laparoscopie qui s'amenuise lorsqu'on s'éloigne du moment de l'intervention.
Amélioration de qualité de vie identique
Swank et coll. ont pu noter que l'amélioration de la qualité de vie des patients à la suite de l'intervention était identique dans les deux groupes. Elle est presque totalement attribuable à la diminution des douleurs ressenties par les malades.
Au bout d'un an, les patients appartenant au groupe contrôle et montrant des douleurs persistantes ont été informés de leur statut au sein de l'étude. Une cure des adhérences par laparoscopie leur a été proposée. Ces malades ont été suivis un an de plus. Dans ce groupe, la nature du traitement étant communiquée au malade, l'effet placebo est censé être faible. Trois mois après la cure des adhésions, les douleurs ressenties par ces sujets se sont atténuées, mais, au terme du suivi, seulement 6 sur 17 (35 %) montraient une amélioration.
Ces résultats suggèrent que l'efficacité d'une cure des adhérences par laparoscopie ne repose pas sur le traitement lui-même. Les auteurs suggèrent que, en procédant uniquement à une laparoscopie diagnostique, le médecin rassure son patient sur l'origine de ses douleurs et établit avec lui une relation positive. Ce simple fait pourrait bénéficier au malade et lui permettre de voir ses douleurs chroniques disparaître.
« The Lancet », D.J. Swank et coll., du 12 avril 2003, pp. 1247-1251.
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