C'est une première en France et en Europe. L'équipe de l'unité mobile de soins palliatifs (UMSP) du CHU Dupuytren à Limoges teste un système de télésurveillance des pompes à morphine chez des patients suivis à domicile. L'expérience devrait durer deux ans.
La technologie à laquelle font appel les médecins du service du Dr Bernard Devalois vient des Etats-Unis. Utilisée déjà depuis quelques années, elle consiste schématiquement à transmettre les données et les réglages de la pompe à un médecin de l'UMSP, via la ligne téléphonique du patient.
En pratique, on sait que le réglage d'une pompe à morphine porte essentiellement sur trois paramètres : la dose de base (avec ajustement du débit horaire), la dose de secours (avec détermination de la valeur du bolus administré à la demande) et l'intervalle de sécurité (période d'interdiction entre deux délivrances d'opiacé). Souvent déroutés par ces paramétrages, les soignants libéraux, peu habitués aux pompes, ne peuvent assurer la surveillance. L'expérience peut se solder par un échec, avec de fréquents retours à l'hôpital, voire par un abandon de l'antalgie à domicile avec cette méthode.
On comprend mieux, dès lors, ce que peut apporter la télésurveillance. Le patient dispose, chez lui, outre la pompe à morphine d'un modem DVSD (qui transmet à la fois des données et la voix). Cette interface informatique est reliée d'un côté à la prise téléphonique et de l'autre à la pompe. Au bout du fil, l'équipe médicale est équipée d'un modem similaire, connecté à un ordinateur. Ce dernier possède un logiciel dédié aux réglages de la pompe à distance, ainsi qu'au recueil des données du patient.
L'échange verbal
A horaire convenu, un appel téléphonique est réalisé par un soignant, du domicile du patient, à l'attention de l'un des médecins de l'UMSP. Les connexions sont réalisées, ainsi que le recueil des données. Particularité de la technique, l'échange verbal permet de proposer des modifications éventuelles des paramètres pour adapter au mieux les doses d'antalgiques au besoin du patient. La pompe est alors réglée à distance, les données sont validées. Le tout, enfin, est enregistré dans le dossier du patient.
Dans le cadre de soins palliatifs, cette expérience, si elle se conclut favorablement, devrait permettre une utilisation plus large des pompes à morphine à domicile. La télétransmission pourrait lever un certain nombre d'obstacles à l'utilisation des pompes. En effet, outre le manque d'expérience des soignants libéraux, déjà cité, les médecins du CHU de Limoges connaissent d'autres difficultés. Il s'agit de la multiplications des allers et retours pour ajuster les paramètres de la pompe et des obstacle rencontrés dans la transmission des données à l'équipe hospitalière (nombre de bolus demandé, évaluation quotidienne de la douleur).
La pompe à morphine portative avec analgésie contrôlée par le patient contribue à un meilleur maintien à domicile des patients en améliorant la prise en charge des douleurs cancéreuses. Sa principale indication est l'échec d'un traitement antalgique per os de niveau 3 dans le cadre d'un changement de voie d'administration. La voie sous-cutanée est certes possible, mais, dans le cas d'une indication fondée sur la survenue de pics d'accès douloureux, fréquents et brefs, non contrôlés par l'administration de doses de secours per os, la voie I. V. peut être préférée.
Commercialisation prévue avant 2003
Plusieurs partenaires ont permis la mise en place de ces pompes en Limousin. Le financement est assuré par la fondation CNP, créée par CNP assurances. Y sont associés un prestataire de services, ALAIR (réseau Antadir), pour la location du matériel, et la firme Smith qui prévoit de commercialiser les pompes Cadd-Prizm (Deltec) avant 2003. L'expérimentation est menée par l'ARFOSC (Association de recherche et de formation en soins continus) dans le cadre du réseau régional des unités mobiles de soins palliatifs du Limousin (RRUMSPL) : UMSP du CHU Dupuytren, UMSP départementales de Creuse et de Corrèze.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature