ll en faudrait d'abord une trentaine. Mais le nombre de médecins invités à se joindre au Réseau 77 contre la douleur est sans limites. Sous l'impulsion de l'association Douleur 77, la caisse primaire d'assurance-maladie de Seine-et-Marne et l'union départementale de la Mutualité française de Seine-et-Marne, ce réseau s'inscrit dans le programme du ministère de la Santé 2002-2005 de lutte contre la douleur.
Le niveau 1 du dispositif s'adresse aux généralistes, qui peuvent être correspondants du réseau antidouleur. L'objectif est de mettre une structure spécialisée dans la lutte contre la douleur à proximité des patients, dès que la douleur se manifeste. La chronicisation de la douleur reste en effet évitable lorsqu'elle est prise à temps. Le médecin pourra prendre trois quarts d'heure à une heure pour écouter correctement son patient, lors d'une consultation initiale de bilan. Ce premier rendez-vous lui permettra de décortiquer toutes les composantes (familiales, psychologiques, etc.) de la douleur incriminée. Il établira un protocole d'évaluation puis constituera sur un an un dossier de synthèse, d'analyse et de suivi (acte rémunéré 3 C). Cette première consultation est prise en charge à 100 %. Seront prévues ensuite des consultations semestrielles de bilan, également remboursées à 100 %.
Deux médecins coordonnateurs
Niveau 2 du réseau : les spécialistes exerçant dans le département. Rhumatologues, neurologues, gastro-entérologues sont eux aussi invités à intégrer le réseau. Les établissements de rééducation fonctionnelle le seront également.
Deux médecins coordonnateurs centraliseront les données : Marc Sorel, de l'hôpital de Nemours, et un autre médecin, de l'hôpital de Meaux. Rattachés à mi-temps à leur service hospitalier et à mi-temps au réseau douleur, ils pourront « donner par téléphone une sorte de recette pour des prises en charge banales », explique le Dr Philippe Bayon, chirurgien orthopédique du réseau douleur 77. Ils se rendront disponibles pour les médecins, correspondants du réseau ou non.
Le public est demandeur d'une structure dédiée à la douleur. « Le cas type, raconte le Dr Bayon, c'est une femme qui consulte son généraliste pour une grippe. A la fin de l'entretien, elle se plaint de ce "mal de tête qui ne passe pas" . On lui conseillera peut-être un nouveau médicament, ou bien elle suivra les conseils d'une copine. » Il arrive que des patients entament un traitement qu'ils ne suivent pas ou bien qui sera antagoniste avec un autre déjà en cours. Donc, la demande est forte, mais pas l'offre. C'est pourquoi le public doit être informé. Mais les médecins également. Les généralistes sont eux aussi demandeurs. D'après un sondage réalisé en 1998, les médecins gèrent mal les douleurs chroniques de leurs patients. « Nous sommes conscients que la prise en charge de patients douloureux dans une telle structure est une démarche assez contraignante pour les médecins. Mais cela peut être motivant pour eux de faire une médecine un peu nouvelle, de s'investir dans un projet aussi innovant. Alors que, finalement, notre métier est bien de soigner les gens, d'améliorer leur état de santé », souligne le Dr Bayon.
Les généralistes, infirmières et kinés suivront une série obligatoire de cinq formations sur une journée, afin de s'approprier les outils de travail. Les services de formation continue du département seront également sollicités. Des discussions, concernant les premières expériences, pourront être organisées. L'idée du réseau est bel et bien de mettre en commun un dossier médical unique et enrichi par tous les acteurs du réseau consultés par le même patient. Ces documents constitueront une excellente base de données, avec garanties de confidentialité. Il s'agirait, à terme, d'informatiser les dossiers qui seraient alors accessibles n'importe où, n'importe quand, sous réserve de l'agrément du patient, bien sûr.
Le réseau Douleur 77 est, selon ses promoteurs, un cas unique. Fruit d'une bataille « administrativo-scientifique », le dossier a traîné une année au ministère pour être rouvert au début de juillet 2001 et aboutir à l'arrêté ministériel signé conjointement par Elisabeth Guigou et Bernard Kouchner le 22 décembre 2001. « Nous sommes le seul réseau purement antidouleur en France, qui bénéficie de la dérogation tarifaire et a le privilège d'offrir aux médecins un tarif de 3 C », insiste Philippe Bayon.
Les résultats révélés au cours de cette expérimentation (lancée pour deux ans) pourront être source d'enseignements sur l'économie de la santé. Les mesures tarifaires dérogatoires qui s'appliquent aujourd'hui essentiellement aux céphalées, cancers et lombalgies d'évolution précoce pourraient s'étendre à d'autres pathologies. On attend déjà pour cette première année 300 malades.
* Présentation officielle le jeudi 11 avril au Théâtre municipal de Coulommiers, de 14 à 17 h. A partir de 20 h pour les professionnels de santé. Seconde présentation le jeudi 2 mai à partir de 20 h à Avon.
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