Douleur latéro-cervicale rebelle depuis plus de dix ans : quel est votre diagnostic ?

PRATIQUE

Cette femme souffre en effet de douleurs cervicales gauches irradiant vers l'oreille, évoluant depuis plus de dix ans, avec des périodes d'amélioration, des périodes de rechutes. Le médecin qui l'adresse évoque un terrain nerveux, anxieux, d'autant que le mari de cette patiente présente une SLA depuis plusieurs mois.
Dans ses antécédents, on note :
- un psoriasis ;
- une hypercholestérolémie ;
- une hystérectomie en 1993 ;
- un cancer thyroïdien opéré en 1992.

En 1990, on note l'apparition progressive d'une douleur latéro-pharyngée, faisant pratiquer une consultation ORL suivie d'une amygdalectomie. Cette chirurgie n'ayant pas amendé la symptomatologie douloureuse, différents traitements médicaux ont été proposés (antalgiques, anti-inflammatoires), mais n'ont pas permis l'amélioration de la symptomatologie douloureuse.
Au cours d'une des consultations ORL, la découverte fortuite d'un cancer de la thyroïde a conduit à pratiquer un geste chirurgical.

Depuis onze ans, la douleur est identique. Elle siège en région latéro-cervicale gauche, évolue par crise paroxystique de quelques secondes et irradie à l'oreille ; elle est déclenchée par le froid et la déglutition. En outre, on note chez cette patiente un terrain d'automédication important, un aspect très cognitif de cette douleur donnant lieu à des interprétations très personnelles de celle-ci.
L'examen local est normal, il n'y a pas d'adénopathie, aucun trouble de la sensibilité et la fibroscopie laryngée est normale.

Il s'agit d'une névralgie du glossopharyngien. Cette névralgie est rare (1 cas pour cent névralgies du trijumeau).
La description est typique, rappelant la névralgie du trijumeau, si ce n'est qu'elle siège non pas au visage, mais part du fond de la gorge, en irradiant vers le cou et l'oreille, et qu'elle est déclenchée par la déglutition. On retrouve une zone gâchette ou triggerzone au niveau de l'amygdale. Comme pour la névralgie du trijumeau, il existe des périodes de rémission, plus ou moins complète, plus ou moins longue. L'examen neurologique est strictement normal.

L'existence d'une névralgie du IX doit faire entreprendre un examen ORL complet, minutieux, car les causes locales ne sont pas rares ; si celui-ci ne révèle aucune anomalie, on parle de névralgie essentielle du IX. On instaure un traitement classique par antiépileptiques (Carbamazépine) dont l'efficacité est généralement satisfaisante.