Le geste est symbolique. À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la douleur du 15 octobre, Marisol Touraine a choisi de se rendre, non pas dans un centre anti-douleur hospitalier mais dans un service parisien de soins infirmiers à domicile. À travers cette visite, la ministre de la Santé met l’accent sur la prise en charge de la douleur en ambulatoire, longtemps laissée pour compte selon elle.
Elle rejoint sur ce point l’avis du Haut Comité de Santé Publique (HCSP) qui avait dressé début 2011 un bilan mitigé du 3e Plan douleur 2006-2010. À l’époque, le HCSP pointait une approche très hospitalière, « axée sur la seule structuration des centres de douleur chronique rebelle » et appelait à passer « d’une prise en charge et d’un savoir hospitalo-centrés vers une offre et une organisation des soins de ville ».
Prévenir la chronicisation
De fait, avec 30% de la population française souffrant de douleur chronique pour seulement 250 structures spécialisées, la prise en charge de ces douleurs reste principalement du ressort des soins de ville et de la médecine de première ligne. « La douleur est la première cause de consultation en médecine générale, indique le Pr Michel Lantéri-Minet (président de la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur [SFETD]). Il faut donc absolument optimiser la prise en charge de premier recours. »
À ce niveau, l’accent doit être mis « sur le traitement mais aussi sur la prévention de la chronicisation des douleurs », estime le neurologue, car une forte douleur aiguë mal jugulée peut vite se transformer en douleur chronique. Les douleurs post-opératoires en sont un bon exemple, imposant un bon relais antalgique après le passage en réanimation.
Quid du 4e Plan Douleur ?
L’effort doit donc aussi porter sur la relation ville-hôpital « qui pose un vrai problème », reconnaît le Pr Lantéri-Minet. Un chantier auquel devait s’atteler, entre autre, le quatrième programme d’action douleur promis fin 2011 par la secrétaire d’Etat à la Santé d’alors, Nora Berra, mais resté lettre morte depuis. « Ce programme devait initialement être annoncé lors de
cette journée mondiale de la douleur, explique le président de la SFETD. Mais après les élections, le ministère de la Santé a décidé de revoir tous ces grands plans de santé publique, dans le cadre d’une réflexion plus globale sur le parcours de soins. » Et la douleur n’a pas échappé à cette remise à plat.
Un manque cruel de coordination
Une bonne nouvelle ? Peut-être, puisqu’actuellement, le parcours de santé des patients douloureux chroniques « manque cruellement de coordination », estime le Dr Gérard Mick (Unité d'évaluation et de Traitement de la Douleur, Voiron, Isère). Or « La douleur est un exemple typique de parcours de santé qui mérite une coordination des acteurs et qui peut servir de modèle à la réflexion actuelle sur la prise
en charge des maladies chroniques, y compris chez la personne âgée ».
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