Vive la crise ! Il faudrait par les temps qui courent un solide culot pour se réjouir aussi bruyamment du bourbier actuel. L’OCDE ne vient-elle pas de publier des prévisions qui font frémir ? En France, on s’attend à un PIB en repli de 3,3% cette année et quant au chômage, il pourrait atteindre 9,9% en 2009 et frôler les 11% en 2010… Pareilles perspectives n’inclinent évidemment pas à l’optimisme. Et pourtant… S’il fallait ne retenir qu’une seule vertu de la pagaille que nous connaissons, ce serait ce consensus retrouvé autour de notre protection sociale. D’ordinaire si prompte à l’auto-flagelation, l’opinion a mis ces derniers mois en sourdines les critiques récurrentes contre les vices, les abus et les dérives de la Sécurité sociale. Dans ce contexte, Eric Woerth, beau joueur, admet que son déficit pourrait atteindre les 18 milliards à la fin de l’année (six de plus que prévu…). Mais il ne songe pas une seconde à augmenter les cotisations ou les impôts. Et quant au nettoyage du panier de soins, il n’est plus à l’ordre du jour.
Ah, la Sécu… On l’attaque, on la bouscule, on la malmène. Et les médecins ne sont bien entendu pas les derniers à s’agacer de ses penchants tatillons et bureaucratiques. Pourtant, si la France s’en sort (un peu) mieux que ses voisins pour l’instant, il faut reconnaître que le fameux modèle Français y est pour quelque chose. Ces jours derniers lors du G 20, Nicolas Sarkozy a dû encore le rappeler à Barack Obama : nos dépenses sociales si vilipendées en « temps de paix », restent un des meilleurs antidotes en temps de crise. Et en atterrissant à Strasbourg ce vendredi, c’est bien cette leçon du Vieux Continent que pourrait méditer le jeune président des Etats-Unis. La généralisation de l’assurance santé est un de ses chantiers phares, face à une situation dramatique Outre Atlantique. Non seulement près de 50 millions d’américains ne sont pas pris en charge pour leurs soins de santé, mais, 40% de la population est contrainte de puiser dans ses économies en cas de gros pépins de santé. Et pour certains, la faillite est au rendez-vous. Douce France, dure Amérique… Il y a des jours, où l’on aurait envie de bénir la Sécu d’être là, même avec son cortège d’enquiquinements. Le dossier que nous consacrons à la crise le démontre amplement. Non seulement, notre système est généreux quand tout va mal, mais encore il permet aux gens de se faire du bien là ou ça fait mal. Vive la crise ? Vive la Sécu, plutôt !
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