LE PRIX Marie Claire du premier roman corse la difficulté en imposant un thème ; c'était cette année la « double vie », un exercice auquel Johanne Rigoulot, 33 ans et qui travaille dans l'audio-visuel, a sacrifié avec bonheur.
«Et à la fin tout le monde meurt» (1) nous introduit dans une gentille famille moyenne – Claire travaille comme secrétaire dans une imprimerie, son mari, Manu, vend journaux et magazines dans un kiosque près de la gare de leur petit bourg, leurs deux petites filles sont adorables – dont l'équilibre est mis à mal lorsque débarque un ancien de leur bande. Manu revoit en François Le Goff le rival qu'il redoutait il y a une douzaine d'années, Claire éprouve la même attirance qu'alors. Le temps d'une soirée, et l'intrus s'est envolé… en apparence, car en secret il contacte Claire, avoue être en cavale et lui demande de l'aider. Vient le temps des mensonges et des dissimulations. De la double vie.
La question qui court tout au long de l'ouvrage est de savoir si la jeune femme va tomber sous la coupe du séducteur, réaliser aujourd'hui le rêve d'hier, lui céder et, pourquoi pas, s'enfuir avec lui.
Loin de nous entraîner dans des débats métaphysiques, Johanne Rigoulot met en scène, dans une écriture d'ailleurs très cinématographique, le quotidien de la vie avec les hauts et surtout les bas du travail, l'aide et surtout l'envahissement d'une belle-mère, les contraintes et surtout les joies apportées par les enfants, les relations du couple entre les tâches ménagères et le désir toujours présent.
Que va peser tout cela face à celui qui représente la liberté et l'aventure ? Sachez seulement que non seulement le roman se lit d'une traite, mais que sa fin est vraiment inattendue !
Le temps des ghettos.
Agée de 30 ans et journaliste à « Marianne », Anna Borrel connaît bien ses classiques SF et en particulier l'univers d'un certain J.-G. Ballard. Dans «Expiration» (2), elle le met au goût du jour – il serait plus juste de parler de dégoût – en montrant une France divisée en zones d'habitation hermétiquement fermées qui reproduisent les castes sociales, depuis le Centre parisien réservé à quelques privilégiés jusqu'aux banlieues de plus en plus lointaines où la vie et la survie sont de plus en plus difficiles.
Le héros, Dessandres, est une exception. Né « hors zone », il a franchi, à force de volonté et de compétence en tant que policier, les barrières qui le séparent de la capitale. Il ne lui reste plus qu'une étape pour habiter définitivement Paris : retrouver le corps d'un mort.
Une mort qui n'est pas remise en question, puisque la date d'expiration du musicien, sa dernière heure programmée depuis longtemps – ce qui implique, privilège de caste, aucune fin brutale, violente ou accidentelle –, était arrivée. Mais on n'avait jamais vu disparaître un macchabée.
Pour démêler les fils de cette affaire ultrasensible, le jeune homme ambitieux, mais flic mal dégrossi, saura-t-il comprendre assez vite les rites et usages en vogue dans ce quartier du Marais – et, aussi, déjouer les pièges des nantis ? Le suspense reste entier.
(1) Éditions Flammarion, 206 p., 17 euros.
(2) Éditions Denoël, 253 p., 18 euros.
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