De notre correspondant
Peut-on expliquer toutes les émotions humaines par des facteurs moléculaires ? C'est à cette conclusion que tend une étude réalisée sur dix musiciens (cinq hommes et cinq femmes) auxquels on a demandé de choisir des morceaux qui leur plaisent particulièrement.
On les a ensuite soumis à une quadruple expérience : on leur a fait successivement écouter leur musique préférée, de la musique en général, des bruits divers, puis un silence total. Pendant chacune de ces quatre expériences, l'activité de leur cerveau était surveillée par un PET-scan (tomographie à émission de positons) pour permettre aux chercheurs de déterminer les zones du cerveau qui étaient stimulées par la musique, le son ou le silence.
Les chercheurs ont découvert que les zones du cerveau qui sont stimulées par la musique (une partie du cortex et le striatum ventral) sont celles qui sont activées par toute sensation de gratification ou de plaisir, procurées par exemple par le sexe ou les aliments.
Les sujets ont déclaré qu'ils avaient choisi les morceaux de musique qu'ils aiment le plus, ceux « qui leur donnent des frissons ». La stimulation des cellules est clairement visible au PET-scan, mais elle n'apparaît pas quand les musiciens écoutent des bruits divers ou une musique à laquelle ils sont indifférents.
« L'expérience du frisson est très commune et il est probable que ce que nous avons vu au PET-scan chez les musiciens, nous l'aurions vu chez n'importe quel sujet qui aime la musique », déclare le Dr Blood. « Ce qui compte, ajoute-t-elle, c'est qu'il y a simultanéité entre l'activation des cellules cérébrales et le plaisir ressenti par le sujet. Et ce qui est nouveau, c'est que, grâce au PET-scan, cela peut se voir ».
Bien entendu, l'étude se limite à une observation, elle n'explique pas pourquoi écouter de la musique est un plaisir. Dans le cas de l'alimentation et de l'activité sexuelle, le moteur est la survie ou la reproduction. Si aucun plaisir n'était associé au fait de manger ou au coït, l'humanité disparaîtrait. En revanche, la musique n'est pas indispensable en termes de survie ou de reproduction. Ce mystère permet (pour le moment) de croire que les émotions artistiques ne dépendent pas uniquement de la structure moléculaire.
Proceedings of the National Academy of Sciences, 25 septembre 2001, www.eurekalert.org
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