On ne badine pas avec la fin de vie. François Hollande, qui reçoit ce vendredi le rapport des députés Leonetti et Claeys sur le sujet, en est, plus que n’importe qui, conscient. Le président – qu’on a parfois critiqué pour sa légèreté ou son inconstance – a bien compris que la question est primordiale, non seulement parce qu’elle touche au cœur même de la destinée humaine, mais aussi parce que, finalement, elle concerne absolument tout le monde, quel que soit l’âge, le milieu social, le genre ou les opinions politiques. «?J'ai connu une situation très douloureuse : ma mère a été dans une situation très pénible pour elle, pour son entourage, une fin de vie qui a été extrêmement rude », confiait-il lui-même début novembre aux journalistes de TF1 en recourant, comme rarement de sa part, au registre de l’intime et de l’émotion.
Pas étonnant, alors, que depuis le début de son quinquennat, il ait fait de la fin de vie un dossier présidentiel. Comme le rapport Sicard il y a deux ans, les propositions Leonetti-Claeys lui seront donc personnellement remises aujourd’hui. Une gestion en direct de l’Elysée, qui explique aussi que, depuis 2012, la ministre de la Santé n’ait guère eu voix au chapitre sur cette question. Domaine réservé, compétence régalienne du chef de l’État… La conséquence politique de ce mode de gestion est aussi de placer le président en première ligne. D’où sans doute l’extrême prudence avec laquelle François Hollande aborde ce dossier sur lequel on ne compte plus les rapports, avis et expertises sollicités depuis 2012.
Si depuis deux ans et demi, Hollande tourne et retourne le sujet dans tous les sens, c’est aussi parce qu’il a pris conscience que l’application littérale de sa promesse de campagne – « une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité » – risquerait de rallumer la querelle sur les réformes de société. Or depuis les débats sur le mariage pour tous, plus question de polémique sur ces questions-là, alors même que les opposants à l’euthanasie ont montré qu’ils étaient capables de mobiliser, manifestant même à titre préventif mercredi soir à Paris. En réponse, la voie choisie par François Hollande est donc celle du consensus. Le recours à l’initiative parlementaire pour aménager la loi est d’ailleurs une façon de montrer que l’exécutif est à l’écoute et qu’il n’impose rien. Mais avec cette méthode, le risque est, bien sûr, de mécontenter tout le monde… La contremanif des partisans de la légalisation de l’euthanasie est déjà prévue pour cet après-midi…
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