SI LA VIE et l’oeuvre de Picasso (1881-1973) peuvent se découper en chapitres qui rivalisent en intensité créatrice, celui qui embrasse la période 1935-1945 n’est pas des moindres, en ce que celle-ci recouvre deux événements capitaux : la guerre d’Espagne et la Seconde Guerre mondiale. Ces dix années sont déterminantes dans l’oeuvre du maître. Elles marquent un engagement idéologique et moral qui influe sur la plastique du peintre.
C’est au cours de cette période de résistance, durant laquelle il est interdit d’exposition (sous l’Occupation), qu’il peint les immenses « Guernica » (1937), « l’Aubade » (1941-42) ou « le Charnier »(1945). C’est également à ce moment de sa vie que Picasso rencontre Dora Maar, artiste engagée, membre du groupe surréaliste, qui devient sa compagne et avec laquelle il développe des affinités, tant sur le plan politique qu’artistique. Elle est pendant ces années (et plus particulièrement vers 1938-39) le modèle et la muse de Picasso. Elle lui inspire de nombreux portraits : femmes implorantes (voir les remarquables « Femme qui pleure » et « la Suppliante »), séries aux couleurs acides et explosives telles « Femmes assises » et « Femmes au chapeau », sphinges et créatures mythologiques... Elle est également à l’origine des portraits des années 1939-1941, inquiétants et tragiques.
Dora Maar encourage Picasso à se réengager en 1935 dans le mouvement des débats artistiques de l’avant-garde, alors qu’il a cessé de peindre ; elle l’assiste techniquement dans ses recherches de clichés-verre (1936-37), en assurant, avec « Guernica », le premier reportage photographique d’une oeuvre en cours d’exécution (1937). Elle réalise également beaucoup d’autres témoignages photographiques qui relatent l’histoire de cette sombre période.
Ce sont environ 250 oeuvres que propose le musée Picasso et qui constituent un dialogue historique, instructif et émouvant entre le peintre et la photographe.
« Picasso-Dora Maar ». Musée Picasso. 5, rue de Thorigny, Paris 3e. Tél. 01.42.71.25.21. Jusqu’au 22 mai. Catalogue, 320 pages, coédition Flammarion/RMN, 40 euros.
L’ami graveur, Crommelynck
Beaucoup plus tard, une autre rencontre marque Picasso. De 1963 à 1972, au soir de sa vie, le peintre cubiste réalise, en collaboration avec son complice et ami le célèbre graveur Piero Crommelynck (mort en 2001), plus de 750 gravures, aquatintes, pointes sèches ou eaux-fortes. Un bel ensemble de ces oeuvres est exposé au Musée de la vie romantique : environ 80 planches gravées (complétées par quelques huiles et une vingtaine de pastels et dessins), où l’on découvre le résultat prolifique et varié de cette association d’exception. D’un côté le génie du trait et de l’inspiration chez Picasso ; de l’autre la qualité unique des tirages réalisés par un le superbe graveur Crommelynck.
>>>> « Picasso et Piero Crommelynck. Dialogues d’atelier ». Musée de la vie romantique. 16, rue Chaptal, Paris 9e. Tél. : 01.55.31.95.67. Jusqu’au 11 juin.
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