M OINS de trois semaines avant le départ du Tour de France qui doit avoir lieu le 7 juillet, à Dunkerque, une réunion rassemble aujourd'hui au Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) des représentants de la Jeunesse et des Sports, de l'Ordre des médecins et de l'Ordre des pharmaciens, ainsi qu'un médecin d'équipe cycliste et un représentant du pouvoir sportif, en l'occurrence Yvon Sanquer, le président de la Ligue du cyclisme professionnel française.
Une réunion provoquée par le mouvement d'humeur des médecins des équipes cyclistes françaises du Tour, qui réclament une autorisation officielle, les habilitant à transporter tel ou tel médicament durant toute l'épreuve sportive. Bien qu'ils le démentent aujourd'hui, ces médecins ont menacé de ne pas prendre le départ du Tour, s'ils n'obtiennent pas satisfaction.
Leur fonction de soignants conduit en effet les médecins des équipes à emporter de nombreux médicaments sur les courses - environ 300, selon un praticien. Ces médecins craignent donc de se trouver en contradiction avec la réglementation sur le transport des substances médicamenteuses sur le territoire. « La règle veut qu'un médicament soit prescrit sur ordonnance et dispensé par un pharmacien, rappelle le Pr Jean Langlois, de l'Ordre national des médecins. Cependant, tout praticien a le droit d'avoir sur lui une trousse d'urgence pour faire face à ses obligations de médecin. Au sommet d'un col, un médecin ne va pas demander à un coureur d'aller à la pharmacie la plus proche. » Le Pr Langlois note qu'évidemment « un certain nombre de médicaments sont susceptibles d'être considérés comme produits dopants ». « Mais il existe des règles de transparence, instaurées par la loi, reprend-il. Si le médecin prescrit un tel produit, il doit prévenir le sportif. Ce dernier choisit ou non de continuer la compétition. » Selon l'Ordre des médecins, « la situation des médecins français est relativement stable et limpide, tant qu'il n'y a pas de geste ambigu ».
Tout aurait continué comme avant si différentes affaires n'étaient pas venues troubler les habitudes des uns et des autres. La dernière en date est le nouveau scandale du dopage frappant le cyclisme italien : 86 personnes ont été mises en examen, après la saisie de centaines de médicaments prohibés par la police italienne, au cours du Giro. « Les médecins sont affolés par les événements récents », commente-t-on au CPLD. « On prend les devants, explique le Dr Gérard Guillaume, médecin de la formation La Française des jeux. C'est la première année. » Les médecins des équipes cyclistes veulent « tout simplement » se mettre à l'abri de toute polémique. « Nous nous sommes réunis, comme souvent, raconte le Dr Guillaume, pour déterminer ce qu'il nous semblait nécessaire d'emmener sur le Tour. Et nous allons soumettre nos propositions au CPLD. Nous aimerions avoir une autorisation officielle nous disant que nous pouvons transporter tel ou tel produit, dans telle quantité.» Il ajoute qu'avec ses confrères, il a « établi une liste toute bête pour répondre aux pathologies les plus élémentaires (bronchites, diarrhées, etc.) pendant trois semaines ».
Une solution consensuelle
Interrogé sur le Dauphiné libéré, un autre médecin, le Dr Jean-Jacques Menuet (formation Cofidis) a estimé qu'il « ne fallait pas mettre la pression sur la réunion » avec le CPLD. « A titre personnel, je n'ai pas de soucis. Les médicaments que je transporte sont autorisés. Rien ne change par rapport aux Tours précédents », a-t-il indiqué.
Le CPLD souhaite qu'une « solution consensuelle » ressorte aujourd'hui de la réunion. Son président, Michel Boyon, serait favorable à un assouplissement de la réglementation. Il aurait plaidé pour la création d'une liste de médicaments nécessaires à la pratique des médecins qui suivent des courses cyclistes. En revanche, le ministère de la Jeunesse et des Sports « n'est pas favorable à un tel assouplissement ». Il faut, selon lui, distinguer entre la « nécessité de soigner des coureurs malades » et « l'optimisation de la performance sous contrôle médical ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature