De notre correspondant
SOIXANTE-QUATORZE MILLE Américains sont inscrits sur la liste d'attente des patients qui ont besoin d'une greffe d'organe. Mais, en 1999, le nombre de greffes effectivement réalisées a été de 27 715, soit à peine un tiers du « parc » de receveurs.
Paradoxalement, la transplantation d'organes est victime de son succès : les progrès de la médecine ont permis de multiplier les applications de la technique de greffe. C'est ce qui a fait augmenter le nombre de demandeurs, alors que le nombre de donneurs ne progresse pas dans la même proportion. Ce constat est fourni par le rapport annuel du United Network for Organ Sharing (UNOS) dont le porte-parole, Joel Newman, s'efforce de mentionner les aspects positifs : en dix ans, le nombre de donneurs a quand même été multiplié par deux, et les donneurs vivants sont de moins en moins souvent des parents du receveur. En outre, la greffe du rein d'un donneur vivant est beaucoup plus souvent un succès que la greffe du rein d'un donneur mort.
Trois fois plus de décès
Ces bonnes nouvelles n'empêchent pas les mauvaises : la liste d'attente ne fait que s'allonger. Pire : le nombre des décès de receveurs potentiels inscrits sur la liste d'attente est passé de 1 958 en 1990 à 6 125 en 1999, soit le triple.
Joel Newman explique que les murs n'ont pas suivi la technologie : deux Américains sur trois omettent de dire s'ils sont donneurs en cas de décès. Quand on demande à un sujet hésitant de se prononcer, il préfère répondre par la négative. Jusqu'à présent, les efforts de l'UNOS pour stimuler le don d'organe ont été purement psychologiques, campagnes de presse et amélioration de la coordination avec les banques d'organes et les hôpitaux pour l'identification des donneurs. Le ministre des Affaires sociales, Tommy Thompson a annoncé qu'il lancerait le mois prochain une grande campagne nationale d'information. Mais par rapport au déficit de donneurs, la partie semble difficile, sinon perdue.
L'UNOS, qui a souvent été critiquée pour sa sélection des receveurs, semble avoir amélioré son système de répartition en le décentralisant et en augmentant les moyens de transport des organes ; ce qui n'est pas une tâche facile dans un territoire aussi vaste que les Etats-Unis. En tout cas, Joel Newman a tenu à dénoncer un certain nombre de mythes : le mythe des célébrités ou des millionnaires qui passeraient en priorité devant les receveurs pauvres ou anonymes ; le mythe en vertu duquel les médecins laisseraient mourir des patients très mal en point pour récupérer leurs organes. « Nous nous efforçons, a-t-il déclaré, de faire appel à la conscience de nos concitoyens. Nous avons lancé une étude pour définir la meilleure approche psychologique d'une famille en deuil d'un donneur potentiel. Si nous pouvions établir le profil psychologique des donneurs, nous pourrions en augmenter le nombre. »
D'autres chiffres
En 1999, on a dénombré 5 849 donneurs morts sur lesquels on a prélevé 3,6 organes. L'augmentation est de 30 % par rapport à 1990.
La même année, on a compté 4 712 donneurs vivants, soit le double de 1990. Le nombre de donneurs de foie vivants a doublé entre 1998 et 1999. 35 % des donneurs vivants sont des parents plus ou moins éloignés des receveurs et 18 % des parents très proches. 20 % sont sans relation familiale avec les receveurs.
Parmi les donneurs morts, 85 % ont été victimes d'un traumatisme ou d'une attaque cérébrale.
95 % des patients qui ont reçu un rein ont survécu au moins un an après la transplantation.
88 % des greffés du foie et 86 % des greffés du cur ont survécu au moins un an.
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