Les facteurs étiologiques de la maladie de Horton et de la pseudopolyarthrite rhizomélique, deux pathologies fréquemment associées, sont mal connus.
Il semble exister un polymorphisme génétique combiné à des facteurs environnementaux, probablement infectieux.
LA MALADIE de Horton, ou artérite à cellules géantes, est une vascularite des vaisseaux de gros et moyen calibre, caractérisée par une infiltration granulomateuse de l'aorte et de ses principales branches de division. Elle touche principalement le système carotidien externe et l'artère centrale de la rétine issue du système carotidien interne. La pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR) est une pathologie inflammatoire caractérisée par des douleurs inflammatoires du cou et des ceintures scapulaire et pelvienne et une raideur matinale. Elle peut être isolée, mais est fréquemment associée à la maladie de Horton, certains auteurs suggérant qu'il s'agit d'une forme fruste de la même maladie.
Les pays du Nord plus touchés.
En effet, sur le plan épidémiologique, les deux entités présentent des similitudes importantes. Elles touchent préférentiellement les sujets de plus de 50 ans et leur incidence augmente avec l'âge pour atteindre un pic chez les plus de 70 ans. Les femmes sont plus touchées que les hommes, mais le ratio homme/femme diffère selon les classes d'âge. Il existe un gradient d'incidence Nord-Sud significatif. Les pays scandinaves et les communautés nord-américaines issues des pays d'Europe du Nord sont les populations parmi lesquelles l'incidence annuelle est la plus élevée. Elle y est estimée à 17/100 000 personnes chez les plus de 50 ans pour la maladie de Horton et à 50/100 000 pour la PPR. Les pays d'Europe du Sud et la population afro-américaine sont moins touchés par ces pathologies. Une augmentation progressive de l'incidence de la maladie de Horton, associée ou non à une PPR, est cependant observée dans plusieurs régions du monde ces dernières années (états-Unis, Suède, mais aussi Espagne, Israël), sans que la cause en soit connue.
Des variations saisonnières d'incidence.
Ces différences éthniques suggèrent l'existence de facteur étiologiques génétiques, mais des facteurs environnementaux sont probablement également impliqués dans la pathogenèse de ces maladies. Des variations saisonnières d'incidence ont été observées dans certains pays. Ainsi, des pics de diagnostic ont été décrits en automne et à la fin de l'hiver en Suède, alors qu'en Angleterre et en Israël il s'agit d'augmentation estivale. Dans une ville du Minesota, aux États-Unis, une évolution cyclique des taux d'incidence a été constatée sur une période de quarante-deux ans, avec des pics tous les sept ans approximativement. Il existe également des fluctuations géographiques, les zones urbaines étant plus touchées en Allemagne et au Danemark.
Ces différences entre pays rendent l'analyse des facteurs étiologiques complexe. Des agents étiologiques infectieux ont été évoqués. Des épidémies de Mycoplasma pneumoniae, de parvovirus B19 ou encore de Chlamydia pneumoniae semblent être corrélées, dans certaines études épidémiologiques, à des pics d'incidence de maladie de Horton et de PPR. Seulement, ces hypothèses ne sont pas confirmées par la recherche d'ADN microbien dans les biopsies d'artère temporale de patients, où il n'existe pas de différence avec la population générale.
Un polymorphisme des gènes des cytokines.
L'étude de cas familiaux de maladie de Horton soutient l'hypothèse d'un polymorphisme génétique associé à ces maladies. Il existe une forte association avec HLA-DR4 dans diverses populations. Cet allèle est un marqueur de sévérité de la maladie, il est significativement associé à la présence de symptômes systémiques, de manifestations visuelles et à une résistance aux corticoïdes. Plusieurs gènes du complexe majeur d'histocompatibilité pourraient avoir des effets indépendants sur la susceptibilité à développer une maladie de Horton. De nombreux travaux ont étudié les variations génétiques des composants clés de la réponse immune et inflammatoire. Des polymorphismes de gènes codant pour des cytokines (TNF, IFN-gamma, IL4, IL6, IL10, VEGF, ICAM…) ont été associés à une élévation du risque de complications ischémiques sévères ou, encore, à une plus grande fréquence de rechutes après traitement, dans la PPR.
En résumé des connaissances actuelles, la maladie de Horton et la PPR semblent être des maladies polygéniques, mais il existe probablement des facteurs environnementaux, et notamment infectieux, modifiant la régulation des gènes impliqués et conduisant au développement de ces pathologies.
D'après la session « État de l'art : Polymyalgia Rheumatica and Giant Cell Arteritis ». Présentation de Victor M. Martinez-Taboada (Espagne).
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