Avec Dominique Coudreau, qui rallie la Cour des comptes, où il est nommé conseiller maître en service ordinaire, un personnage quitte la direction de l'agence régionale de l'Hospitalisation d'Ile-de-France (ARH-IF). Un poste qu'il a inauguré - c'était en septembre 1996, lors de la création des 24 ARH - et façonné au fil de ses six années de fonctions.
« Préfet sanitaire » d'entre les préfets sanitaires (ainsi surnommait-on les directeurs d'ARH, ou DARH, quand le plan Juppé les a inventés), pilote de l'hospitalisation dans une région surdotée en infrastructures mais dont la répartition était très déséquilibrée, Dominique Coudreau n'était pas un novice en santé quand il a pris les manettes de l'ARH-IF. Cet énarque, ancien membre des cabinets de Raymond Barre, de Robert Boulin et de Simone Veil, s'est frotté au cours de sa carrière à toutes les facettes du monde sanitaire : l'hôpital, les cliniques, la Sécu, la santé publique... Il a presque tout essayé. Entre 1979 et 1989, il est le directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) puis, entre 1989 et 1990, c'est l'Agence de lutte contre le sida qu'il dirige, avant de prendre la tête d'Hexagone Hospitalisation, un puissant groupe de cliniques privées.
Ces expériences lui ont certainement donné du poids à l'ARH-IF, quand il s'est agi de gérer une région de taille énorme, où les hôpitaux et les cliniques pullulent, où il faut savoir s'entendre avec le monstre AP-HP (l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui échappe en grande partie à l'autorité de l'ARH, ce qui n'a certainement pas simplifié la tâche de Dominique Coudreau) et où, cerise sur le gâteau, il faut gérer la pénurie.
Car, depuis 1996, les hôpitaux et les cliniques franciliens sont à la diète. Victime de ce qu'il est convenu d'appeler la « péréquation interrégionale » des crédits - on prend aux régions riches (région parisienne, en tête) pour donner aux régions pauvres -, l'Ile-de-France a vu ses dotations progresser chaque année moins vite qu'ailleurs (elles ont même quasi stagné). En tout, selon les chiffres de l'agence, l'opération a représenté un manque à gagner de 610 millions d'euros pour les hôpitaux franciliens. Une pilule dure à avaler pour les professionnels, qui ont bien souvent été tentés de reporter la responsabilité de cette situation sur leur DARH.
Aguerri, roublard, à l'occasion, sachant aussi bien user de la langue de bois que jeter des pavés dans la mare (à l'ouverture de l'hôpital européen Georges-Pompidou, il déclarait au « Monde » que Paris n'avait pas besoin d'un tel établissement, ce qui a fait du bruit), M. Coudreau s'en est bien sorti. Plutôt étiqueté à droite (c'est Jacques Barrot, alors ministre des Affaires sociales, qui l'a nommé en 1996), il a même réussi à continuer d'exister « sous » Martine Aubry et Elisabeth Guigou.
Plusieurs fois, on a dit que Dominique Coudreau était très menacé, mais il est resté à son poste. C'est finalement sous un gouvernement de droite que, de son plein gré, il tire sa révérence. Après avoir, l'été dernier, livré son « testament » de DARH. Dans ce document (« 1997-2002. Un bilan pour rendre compte. Des propositions pour avancer »), il regrettait de ne pas avoir eu les moyens techniques d'appliquer effectivement sa politique, notamment en termes de restructurations, et accusait sans ambages l'Etat de certains coups bas.
Philippe Ritter, 60 ans, directeur de l'ARH de Rhône-Alpes depuis 1999, auparavant préfet de l'Ain, remplace Dominique Coudreau à la tête de l'ARH-IF. Philippe Ritter a été entre 1988 et 1990 directeur du cabinet de Théo Braun, ministre délégué chargé des Personnes âgées, puis de Daniel Hoeffel, à l'Aménagement du territoire, et conseiller technique de Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, entre 1993 et 1995.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature