DE NOTRE CORRESPONDANT
MÊME SI LES PROCHAINES échéances électorales ne devraient pas entraîner la remise en cause de la création de l’Ecole des hautes études en santé publique (Ehesp), elles pourraient retarder la mise en oeuvre de ce vaste chantier.
D’autant que pour mener à bien ce projet, beaucoup de choses sont encore à préciser.
Un décret d’application de la prochaine Ehesp a bien été signé le 7 décembre dernier, mais seulement pour définir son statut juridique et affirmer que, dans l’attente des modalités de fonctionnement de l’école à créer, l’Ensp continue à fonctionner. « On a fait les fondations, mais on ne sait pas encore la forme que prendra la maison», précise le Pr Dominique Bertrand, nouveau directeur de l’école rennaise, praticien hospitalier et professeur de santé publique, jusque-là médecin national de la MSA.
Autre point à éclaircir : la question des tutelles. Car, si l’Ensp est aujourd’hui sous l’autorité des ministères des Affaires sociales et de la Santé, l’Ehesp dépendra en plus du ministère de l’Education nationale et de celui de la Recherche. «Les ministères souhaitent avoir plus de précision», souligne Pierre Schlosser, secrétaire général de l’Ensp et, à ce titre, bras droit de Dominique Bertrand.
Le problème des tutelles.
Des interrogations subsistent donc. Pour le nouveau directeur de l’Ensp, par ailleurs président du Conseil national de la formation médicale continue des médecins hospitaliers (Cnfmch), pas d’inquiétude à avoir quant à la spécificité de l’école créée il y a plus de quarante ans : «Les ministères sociaux [les tutelles actuelles, ndlr] sont plutôt partisans de garder une école d’application. Nous allons garantir la spécificité de l’Ensp», assure-t-il.
Il y a trois ans et demi, à l’annonce de l’abrogation de l’Ensp en faveur de la nouvelle Ehesp, un collectif réunissant le personnel, les enseignants, les étudiants et les syndicats, s’était ému. Le directeur de l’époque, Pascal Chevit, avait regretté lui aussi la méthode et les incertitudes qui entouraient le projet.
Dominique Bertrand voit plutôt un point positif dans la méthode qui maintient l’Ensp en l’état pour l’instant. «Le dispositif actuel permet d’éviter les inquiétudes existentielles, les fantasmes, les quiproquos… La construction pédagogique et scientifique est devant nous», estime-t-il.
Selon le nouveau directeur, «il reste en effet à développer une culture de santé publique pour appréhender de nouvelles situations complexes, comme l’épidémie du H5N1, avec les nombreux autres acteurs (mairies, sécurité civile, établissements de santé…). Pour cela, il nous faut transcender les différentes formes d’approche: épidémiologique, démographique, historique… Jusqu’à présent, il n’existe pas d’institution qui installe ce dialogue. Ici, nous devrons voir si des possibilités pourront être ouvertes à nos étudiants pour qu’ils enrichissent la formation spécifique qu’ils reçoivent de l’Ensp».
Peut-être une manière de dire que, à ce jour, seule l’Ensp existe et qu’elle est la première des composantes de la future Ehesp. Ce qui lui confère d’emblée un statut à part.
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