En dehors de certaines formes très rares, l'obésité de l'enfant et de l'adolescent n'engendre quasiment aucune complication somatique grave. Chez l'adolescent notamment, les complications sont davantage d'ordre psychosocial : moqueries de la part des pairs, perte de l'estime de soi, voire dépression. L'esthétique est ainsi l'élément le plus problématique chez les adolescents souffrant d'obésité. « Quand ces derniers souhaitent maigrir, c'est avant tout pour être plus beaux. Il ne faut surtout pas obliger un adolescent obèse à maigrir en lui faisant peur. Par exemple, en lui disant qu'il risque de devenir diabétique ou de développer des maladies cardiovasculaires à l'âge adulte. Car les adolescents ne sont pas sensibles à ce genre de discours et, par ailleurs, la peur est la pire des motivations », affirme le Dr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques de l'hôpital Trousseau.
Face à un adolescent en situation d'obésité, le médecin généraliste doit rester prudent. Lors du colloque singulier, il doit éviter de tenir un discours alarmiste sur l'obésité en annonçant, par exemple, la liste des complications de cette pathologie sur le long terme. « La question de l'obésité doit être abordée avec élégance et discrétion. Il suffit parfois de demander au patient s'il se sent bien pour que celui-ci confie son mal-être lié à son poids excessif », indique le Dr Tounian.
Rechercher la motivation de l'adolescent
Si certains adolescents atteints d'obésité perdent du poids spontanément entre 15 et 20 ans, la grande majorité est programmée génétiquement pour rester obèses durant toute leur vie. « 75 % des enfants obèses de plus de 10 ans le resteront à l'âge adulte. Dans ces conditions, la prise en charge précoce n'exerce aucune influence sur le pronostic de l'obésité à long terme », confie le Dr Tounian. Autrement dit, faire maigrir un adolescent en situation d'obésité n'a pas d'effet sur son poids à l'âge adulte.
Imposer une prise en charge de l'obésité à un adolescent contre son gré n'a aucun intérêt et peut même être délétère. « Il faut hypomédicaliser l'obésité de l'adolescent. Sans la volonté de ce dernier la prise en charge de l'obésité est vouée à l'échec », note le Dr Tounian.
Le patient obèse éprouve, en permanence, la sensation d'être affamé. Pour mener un régime, il doit donc lutter contre sa nature. « Seuls les adolescents motivés parviennent à maigrir en suivant un régime très restrictif prolongé. Tous les régimes peuvent faire perdre du poids, y compris les plus farfelus. Mais chez l'adolescent, il faut être particulièrement vigilant pour éviter les carences nutritionnelles : le régime suivi doit absolument respecter l'équilibre alimentaire », conclut le Dr Tounian.
Dr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatrique, hôpital Trousseau (Paris)
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