IL ÉTAIT une fois... Ce joli conte de fées débute en 2003 quand le directeur de Microsoft France, Roger Abehassera, veut donner des ordinateurs. De contact en contact, de prise de conscience en prise de conscience, une idée germe parmi les partenaires : les donner aux enfants malades afin de favoriser leur bien-être durant leur hospitalisation et leur permettre de communiquer avec le monde extérieur ou de poursuivre leurs études.
La première expérience, à Trousseau, est une réussite. Grâce à diverses subventions, notamment celle de la fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, c’est au tour de Robert-Debré de recevoir ces ordinateurs, puis, dans le courant de l’année, ce seront les hôpitaux Paul-Debrousse à Lyon, L’Archet à Nice, et l’Hôpital des enfants à Toulouse qui en seront pourvus.
«Rester en contact avec sa tribu, c’est primordial pour le jeune malade», explique Jacques Léglise, directeur de Robert-Debré. Seul dans sa douleur, se sentant parfois abandonné, il attend les visites de ses parents, de ses copains. Pour couper son isolement, l’ordinateur, prêté gratuitement, lui permet d’échanger des mails, de surfer sur les sites qui l’intéressent, d’utiliser le logiciel éducatif Paraschool, agréé par l’Education nationale.
Pour les tout-petits, un système très simple, ludique et joyeux initie aux techniques informatiques. Pour les grands, les menus sont plus variés avec, en accord avec les parents, qui signent une décharge, l’accès à des sites sélectionnés et protégés. Les différents services de Robert-Debré (maternité, chirurgie orthopédique, psychiatrie, maison de l’enfant, maison de l’adolescent, gastro entérologie, hématologie, néphrologie et psychopathologie) sont pourvus chacun d’environ sept ordinateurs qui tournent.
Pour Habib Kadi, éducateur spécialisé, c’est un outil pour réduire l’isolement, la dépression, créer la confiance et le dialogue, susciter l’intérêt, favoriser l’éveil, maintenir le lien social.
L’éducation et le jeu, thérapeutiques de base.
«Ramener le sourire à un enfant malade, c’est un grand pas sur le chemin de la guérison», affirme Jean Montpezat, directeur délégué de la fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. Les soignants et les enseignants de l’hôpital le confirment.
Ces derniers regrettent que la formation des professeurs spécialisés se réduise maintenant à deux ou trois sessions de perfectionnement dans l’année au lieu de deux ans jusque-là. Ils regrettent aussi d’être obligés, pour assurer les cours à domicile, d’abandonner ceux qu’ils donnent à l’hôpital, sans être pour autant remplacés. Or Robert-Debré est un centre d’examens et les classes à l’hôpital sont très suivies par les jeunes patients qui préparent le brevet et le bac. Il est vrai que le portable peut pallier un certain temps l’absence des professeurs, mais aucun élève ne peut se passer de l’enseignant.
Il peut être aussi utile pour les enfants hospitalisés à domicile. Ce sera possible dès cette année grâce à Docteur Souris.
Tél. 01.69.86.44.00, www.docteursouris.asso.fr, info@docteursouris.asso.fr.
Clarisse, en chirurgie orthopédique
Clarisse a 12 ans, elle est en 5e. Elle vient de Pacy-sur-Eure. Allongée à plat dos, les bras perforés de seringues, elle ne peut bouger qu’une main et la tête. Elle a une maladie congénitale et elle vient d’être opérée pour la deuxième fois du dos. Elle est alitée depuis trois semaines et elle en a encore pour une quinzaine de jours. Son visage pâle et gracile, ses yeux profonds indiquent sa souffrance, mais elle sourit. Un ordinateur, placé avec soin et tenant compte de sa position allongée, est allumé.« – Que fais-tu avec le portable ?
– Je peux écrire à mes amies car elles ne peuvent pas venir. Je dialogue avec mes parents aussi, et puis je joue à des jeux et je regarde des sites de chevaux.
– Tu fais du cheval ?
– Oui, une semaine sur deux avant mon opération. Je suis en Galop 2 et j’espère reprendre quand les docteurs m’autoriseront.
– Tu suis des cours ?
– Oui, des professeurs viennent me voir pour travailler et je fais des exercices grâce à l’ordinateur.
– Tu l’utilises souvent dans la journée ?
– Dès que j’en ai un.
– Tu n’es pas trop mal ici ?
– Oh non, je suis bien, tout le monde est vraiment gentil. »
Cela se sent. Son sourire est timide, mais sincère. On ne triche pas à 12 ans. Et les personnels qui l’entourent s’investissent dans leur mission : aider les enfants, devenus, pour un temps, leurs enfants. Une grande famille, en somme.
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