N’en déplaisent aux esprits chagrins, les généralistes ne boudent pas la prévention. Le dernier baromètre de l’Inpes révélé hier au congrès de la médecine générale à Nice montre que les fantassins de la médecine sont aussi les premiers sur le terrain avant la maladie. Ils vaccinent à tour de bras. Ils proposent des dépistages dès que l’occasion se présente. Ces dernières années, une bonne partie des praticiens a adopté les tests et échelles d’évaluation. Et la moitié d’entre eux ne rechigne pas à suivre dans l’année une formation de santé publique ou en éducation thérapeutique du patient. Comme quoi la prévention, primaire, mais aussi secondaire, a sa place dans les cabinets de médecine générale.
Toute sa place ? Peut-être pas. S’ils font vraiment de la prévention, les généralistes la pratiquent un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Sans trop s’en rendre compte peut-être. Sans le faire assez savoir sans doute. Et assurément sans que rien ne soit vraiment prévu pour que les médecins de premier recours investissent davantage cette activité. Tout au plus le récent dispositif du Capi fait-il un peu mentir cette assertion... Alors que l’on présente régulièrement la prévention comme le maillon faible du système de soins français, avec des scores pas trop fameux sur la mortalité évitable, il faut donc sans doute aller plus loin pour impliquer les médecins de terrain.
Quitte à repenser le parcours de soins. Lors de sa création en 2004, on a souvent pointé l’absence de contenu de santé publique du dispositif. À l’évidence, sept ans plus tard, c’est un des points sur lesquels les discussions autour de la nouvelle convention doivent absolument innover. D’autant qu’une autre étude dont nous faisons état cette semaine montre que la profession est plus que mitigée sur le bilan du médecin traitant : elle ne l’associe guère à un meilleur suivi des patients ; en revanche, elle le rend directement responsable de l’inflation de paperasse qui a envahi les cabinets ces dernières années ! C’est sur ces deux points qu’il convient d’agir sans tarder pour optimiser le rôle des généralistes dans la prévention. Le baromètre de l’INPES a donné la parole à ces derniers. Alors, écoutons-les. Ils demandent du temps pour développer encore cette dimension de leur fonction et la reconnaissance d’un rôle propre en la matière.
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