Les ophtalmologues attendaient de longue date les preuves de l’efficacité du bevacizumab (Avastin) dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). C’est maintenant chose faite au vu des résultats publiés cette semaine dans le « New England Journal of Medicine » par une équipe de recherche américaine. Si le ranibizumab (Lucentis) est le seul anti-VEGF autorisé dans la DMLA dite « humide » avec néovascularisation, l’anticancéreux bevacizumab est prescrit depuis longtemps hors AMM, en raison d’un coût 40 fois inférieur. Les deux molécules ont été développées par la firme américaine Genentech rachetée par Roche.
L’essai clinique a été mené sur une quarantaine de centres aux États-Unis chez 1 208 sujets ayant une DMLA, randomisés en deux groupes, bevacizumab ou ranibizumab. Le critère principal de jugement était l’acuité visuelle à 1 an, mesurée à l’aide d’une échelle de vision de type Monoyer. Étaient inclus les sujets âgés de 50 ans et plus et ayant une DMLA avec néovascularisation diagnostiquée sur l’angiographie à la fluorescéine ou la tomographie par cohérence optique (TCO). Deux protocoles étaient testés pour l’administration des injections intravitréennes, soit une fois par mois, soit à la demande selon les résultats de la TCO.
Tolérance en suspens
Il reste que la tolérance reste à surveiller, puisque l’étude a fait ressortir un signal pour le bevacizumab. Si les taux de décès, d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral (AVC) n’étaient pas différents entre les deux groupes, les chercheurs ont observé davantage d’effets secondaires graves (hospitalisations) dans le groupe bevacizumab (24,1 versus 19,0 %). Néanmoins, les auteurs font remarquer qu’il n’existait pas d’atteinte préférentielle d’organe et que ces observations n’ont pas été constatées dans les essais menés en cancérologie, où les doses sont près de 500 fois celles prescrites pour les injections intravitréennes. Les résultats du suivi à 2 ans et de 5 autres larges essais comparatifs européens devraient permettre de clarifier à l’avenir ces questions de pharmacovigilance.
« N. Engl. J. Med. », publié en ligne le 28 avril 2011.
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