SAMEDI 2 DECEMBRE. Ils seront 65 000, dans toute la France, à s'activer pour le Téléthon et organiser les quelque 22 000 animations qui sont prévues pendant les trente heures de la plus grande manifestation caritative de France. Tandis que 24 000 bénévoles du Lions Club seront au bout du fil (3 600 lignes téléphoniques), pour recueillir les promesses de don pour la lutte contre les myopathies. « Moi je ne suis qu'une petite pierre de cet édifice qui refuse la fatalité, soutient les familles et participe aux progrès des thérapeutiques, explique un coordinateur du Doubs. Mais, à chaque nouveau Téléthon, je constate qu'ensemble toutes les pierres bâtissent une force de progrès et, aujourd'hui, les résultats sont palpables. C'est aussi ce qui nourrit mon engagement. »
Les bénévoles, combien de divisions ? Selon une étude réalisée en mars dernier par le CerPhi (Centre d'étude et de recherche sur la philanthropie) et France Bénévolat, sous la direction de Jacques Malet*, ils sont 10 millions à œuvrer dans le cadre d'associations, de plus en plus nombreuses (1 million au moins et près de 70 000 supplémentaires en 2003-2004**). Et ce ne sont pas tous des retraités en mal d'activité : quel que soit l'âge, sauf à 70 ans et plus, la proportion de bénévoles évolue entre 27 et 29 %. Mais ce sont plus souvent des hommes (30 % de bénévoles) que des femmes (22 %).
Tous ne s'investissent pas de la même façon. On estime à 3 millions de personnes (8 % de la population) le nombre de bénévoles réguliers. Que l'on retrouve, en raison d'une disponibilité plus grande, en proportions plus importantes chez les moins de 30 ans (et surtout avant 25 ans) et chez les plus de 60 ans. Trois millions, « c'est à la fois beaucoup en regard de l'engagement citoyen que cela représente, et bien peu au regard des immenses besoins des associations », commente le rapport Malet.
D'autant que la proportion de bénévoles réguliers est en baisse. En 1997-1998, le Credoc recensait 13 % de « bénévoles impliqués » dans une association, c'est-à-dire « lui accordant au moins cinq heures par mois et participant à toutes les assemblées générales ». En 2002-2003, l'Insee ne retrouve plus que 8 % de « bénévoles réguliers ». Ce sont surtout les hommes (de 18 à 8,5 %) et les 40-59 ans (de 16 à 7 %) qui ont décroché, alors que la seule progression est celle des moins de 30 ans (de 5 à 8,5 %). Cet engagement des jeunes « permet quelques espérances », mais la situation n'en est pas moins inquiétante pour les associations, qui fonctionnent en moyenne avec une dizaine de bénévoles et n'ont pas, pour 80 % d'entre elles, d'autre ressource humaine.
Or le nombre de bénévoles n'augmente pas proportionnellement à celui des associations. En 2002-2003, la hausse pour les associations a été de 3,8 %, tandis que le nombre de bénévoles diminuait de 3,1 %. Et ce ne sont pas les petites associations, qui recrutent par proximité, qui souffrent le plus, mais les moyennes. « Il serait sans doute nécessaire de rechercher des formules qui incitent tous ceux qui souhaitent s'engager à préférer renforcer les rangs d'une association qui existe et a fait ses preuves », note encore le rapport .
Des compétences spécifiques.
Les associations, en outre, déclarent que leurs besoins en bénévoles ont augmenté ces dernières années. Le plus souvent (85 %), en raison du développement de leurs activités, heureusement ; mais pour 15 % à cause d'un moindre engagement de leurs bénévoles. Elles ne cherchent pas seulement des « bonnes volontés», il leur faut des compétences spécifiques (comptabilité, informatique, recherche de fonds, etc.).
La promotion du bénévolat et la formation des bénévoles font partie des propositions qui vont être discutées le 2 décembre lors d'une réunion nationale interassociative. Elles seront remises au gouvernement pour la conférence nationale de la vie associative promise en janvier 2005 par Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, et Jean-François Lamour, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. Un rapport préparatoire (groupe de travail présidé par la députée d'Indre-et-Loire Claude Greff) rejette l'idée d'un statut, car les bénévoles « sont très attachés à la liberté et la souplesse d'action », mais souligne la nécessité d'une reconnaissance sociale. En exergue du rapport, cette citation de Cesare Pavese : « Les choses gratuites sont celles qui coûtent le plus. Elles coûtent l'effort de comprendre qu'elles sont gratuites. »
* A consulter sur le site du CerPhi : cerphi.org.
** 21,3 % dans le domaine de la culture, 15,9 % dans le social, 14,4 % dans les loisirs et 12,6 % dans le sport.
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