UN TRAVAIL euro-asiatique impliquant des équipes françaises a permis de découvrir dix gènes impliqués dans le parasitisme du bacille tuberculeux. L’inactivation de ces gènes atténue le pouvoir pathogène du bacille. Cette découverte pourrait déboucher sur de nouveaux antibiotiques antituberculeux et de nouveaux vaccins.
Cette étude est le fruit d’une collaboration impliquant notamment le CNRS, l’institut Pasteur de Paris, l’Institut Pasteur de Corée à Séoul (IP Korea/Équipe Avenir Inserm) et l’université de Toulouse.
On sait que la virulence de Mycobacterium tuberculosis dépend de sa capacité à se propager au sein d’une cellule hôte. Ce bacille est en effet capable d’échapper aux défenses de l’hôte. Après inhalation, M. tuberculosis se retrouve dans les poumons où il est ingéré par les macrophages alvéolaires et réside dans un compartiment intracellulaire, le phagosome. Normalement, le phagosome a pour fonction de détruire par acidification les corps ingérés par les macrophages. Mais au lieu d’être tué par la cellule, le bacille tuberculeux s’y multiplie en bloquant l’acidification du phagosome. Jusqu’à présent, on ne savait pas quels étaient les gènes du bacille impliqués dans ce processus de résistance. C’est donc l’identification de ces gènes qui a fait l’objet d’un travail collaboratif euro-asiatique piloté par Olivier Neyrolles, chercheur CNRS à l’institut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS/Université de Toulouse) et Priscille Brodin, chercheuse à l’Inserm (Institut Pasteur de Corée/Inserm).
Dans un premier temps, les chercheurs ont conçu une nouvelle méthode de criblage basée sur la sélection par un robot d’un phénotype cellulaire caractérisé par un cliché de microscopie. Cette méthode a permis de passer au crible plus de 11 000 mutants du BK en quelques semaines. Grâce au robot programmé pour détecter si la fonction « acidification » était active ou non, les chercheurs sont parvenus à isoler les mutants qui ne parvenaient pas à bloquer l’acidification du phagosome et qui étaient donc détruits par le macrophage. Les mutations correspondantes ont été identifiées et dix gènes ont été caractérisés. La plupart de ces gènes codent pour des protéines ou des lipides sécrétés par la bactérie. Ces molécules, dont la fonction reste à identifier, pourraient devenir des cibles de choix pour de nouveaux antibiotiques. Enfin, des mutants isolés pourraient être de bons candidats pour la conception de nouveaux vaccins.
Priscille Brodin et coll., PLoS Pathogens, 9 septembre 2010.
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