Toujours à l'affût de nouvelles collaborations, Angelin Preljocaj, un des rares chorégraphes dont l'inspiration ne tarit pas, a, pour son spectacle acclamé à Montpellier en juillet dernier, fait appel à Fabrice Hyber qui a créé une chaosgraphie très originale. Des objets de tailles inusitées (grappe de raisin géante, souliers, collier de perle, sac bourré d'éponges, etc.) pendent des cintres à des cordes. Certains y restent, d'autres tombent et imposent aux danseurs un thème, un accessoire plus ou moins encombrant orientant leurs évolutions.
Même le choix des « Quatre Saisons », l'œuvre la plus rabâchée du répertoire baroque italien (mais pas banale dans l'interprétation très articulée de Giuliano Camignola retransmise comme toujours dans ce théâtre à un niveau sonore agressant les oreilles) n'est qu'une proposition. Des longs silences s'intercalent entre les fameux concerti et d'autres moins célèbres de Vivaldi.
Les danseurs sont habillés de couleurs très gaies, leur danse est gymnique et gracieuse, ils ont l'air de s'amuser, nous aussi. On a l'impression d'être dans un jardin féerique peuplé d'ours en strings, en combinaison de plastique transparent, de grenouilles fluo très impressionnantes dans leur échelle humaine, d'un homme-éponge et, clou de la soirée, deux porcs-épics surdimensionnés déployant leurs dos et leurs aiguilles avec une grâce immense. Quatre-vingt-dix minutes de grâce, en apesanteur.
Théâtre de la Ville : 01.42.74.22.77 et www.theatredelaville.com. Prochain spectacles : Robin Orlin et Vera Mantero (11 au 15 octobre aux Abbesses), Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui (11 au 16 octobre), DV8 Physical Theater (20 au 29 octobre).
« N » pour Aides
L'an dernier (« le Quotidien » du 27 septembre 2004), Angelin Preljocaj nous entraînait dans un voyage au bout de la nuit, avec « N », créé au Festival Montpellier Danse et repris pendant la saison à Chaillot. On est bien, dans cette pièce de soixante-treize minutes pour douze danseurs, dans ce que la nature humaine recèle de plus bestial. Une étrange chorégraphie du désir violent, de la domination et soumission, où les éclairages d'une somptueuse qualité ne permettent pas toujours de distinguer vraiment qui tient la laisse ni qui donne le bâton. S'y mêlent de magnifiques images en trois dimensions qui donnent à voir une armée de samouraïs en mouvement, des corps flottant dans l'espace, des affrontements d'une violence et d'une rapidité qui ne permettent pas d'identifier ce qui est en conflit. Cela grâce à la collaboration de deux artistes multimédias, respectivement allemand et autrichien, Kurt Hentschlager et Ulf Langheinrich, réunis sous le nom de Granular Synthesis.
C'est cette chorégraphie, véritable mise en phase avec la douleur du monde, dont on ne sort pas indemne, que Preljocaj, qui participe pour la troisième fois aux galas au profit d'Aides Ile-de-France, a choisi de montrer au Châtelet le 4 novembre, à 20 heures. Une magnifique preuve d'engagement, à l'heure où autant les politiques que l'hôpital semblent se détourner du problème de l'infection par le VIH.
Théâtre du Châtelet, 01.40.28.28.40, www.chatelet-theatre.com. Prix des places : de 15 à 45 euros. Places à 75 euros en 1re catégorie, avec invitation au cocktail en présence des artistes.
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