précise le Dr Didier Loiseau,
nous avons voulu réaliser un travail très rigoureux sur le plan méthodologique. Il s'agit d'une étude nationale multicentrique prospective d'observation, proposée durant le premier semestre 2001 à tous les gastro-entérologues et chirurgiens digestifs français, sur des patients hospitalisés ou non, souffrant d'une première poussée de diverticulite documentée. Aucune étude de ce type n'avait été faite sur le plan international. »Sur les 424 patients recrutés par 164 gastro-entérologues et 108 chirurgiens digestifs, 356 ont été retenus. 18 % des patients n'ont pas été hospitalisés et ont fait l'objet d'une surveillance en ville. Les résultats ont confirmé que les diverticulites touchaient essentiellement le côlon sigmoïde et le côlon gauche.
Un tableau appendiculaire gauche
Le tableau clinique est celui d'une appendicite à gauche : douleur intense de la fosse iliaque gauche, fièvre et transit modifié plus souvent de type diarrhée (43 %) que de constipation (18 %), augmentation des globules blancs et syndrome inflammatoire avec élévation de la VS ou de la CRP. La diverticulite aiguë était affirmée soit au scanner, soit lors de l'intervention chirurgicale pour ceux qui étaient opérés en urgence. Pour la majorité des patients, les anomalies au scanner étaient une densification de la graisse péricolique (94 %), un épaississement des mésos du côlon (72 %), un abcès ou une collection (18 %) ou la présence d'air extradigestif (9 %). Tous ont eu une antibiothérapie. La gravité de cette première poussée a entraîné un geste en urgence chez un patient sur six, une intervention chirurgicale chez un patient sur huit, dont une colectomie gauche chez un patient sur dix. Pour les patients opérés, la moitié d'entre eux a eu un anus artificiel transitoire. Enfin, un patient sur vingt a eu d'emblée une péritonite. Ces chiffres sont impressionnants, car il s'agit d'une série très homogène de patients souffrant d'une première poussée de diverticulite. Il y avait autant d'hommes que de femmes, mais on retrouve plus d'hommes chez les patients âgés de moins de 50 ans (28 %). Et chez 87 % d'entre eux, la poussée était révélatrice de la diverticulose.
Auparavant, on pensait que la diverticulose du côlon était la complication d'un long passé de troubles fonctionnels intestinaux. Or on s'aperçoit que 60 % des patients ayant une première poussée de diverticulite avaient un transit normal et que 77 % étaient en très bon état général. Ce qui remet en cause cette filiation troubles fonctionnels intestinaux-diverticulose. Quant aux récidives qui constituent la gravité de la maladie, les recommandations nord-américaines actuelles préconisent d'opérer les patients « à froid » pour les prévenir : deux à trois mois après une première poussée, si le patient a moins de 50 ans, s'il est à risque (immunodéprimé) ou si sa poussée a été très sévère (abcès) ; après la deuxième poussée, dans la majorité des cas. Or, une fois sur deux, pour les patients guéris après antibiothérapie, l'intervention est proposée après la première poussée, et deux fois sur trois, par voie clioscopique. Enfin, 70 % des patients étaient adressés par un médecin généraliste. D'où la nécessité de lui apporter une information, car il est le premier contacté pour ce type d'affection.
D'après un entretien avec le Dr Didier Loiseau, GREDIV, 50, av. de La Motte-Piquet, 75015 Paris.
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