Tuberculose
SUR LE PLAN épidémiologique, il y a une diminution des cas de tuberculose en France, mais l'incidence est stable dans les régions très urbanisées comme l'Ile-de-France et la région Paca. Il existe un grand contraste entre la diminution du nombre de cas chez des personnes nées en France et l'augmentation du nombre de cas chez les personnes arrivées en France récemment : migrants légaux ou illégaux avec une incidence élevée pour les personnes originaires d'Afrique subsaharienne. Il n'y a pas eu d'accroissement des cas avec les migrants d'Europe de l'Est et d'Asie, comme on le redoutait. Enfin, la liaison VIH-tuberculose reste stable en France.
La tuberculose est essentiellement une maladie de l'adulte jeune. Elle requiert encore une vigilance de la part des autorités de santé car elle peut donner lieu à des épidémies, certes très concentrées géographiquement, mais avec des formes potentiellement graves comme nous le montre une récente épidémie dans un foyer de travailleurs de la région parisienne. Quatre vingts cas de tuberculose ont été recensés avec de nombreuses formes extrapulmonaires graves (atteintes osseuses, méningées, péritonéales, pleurales). La mortalité reste stable, de l'ordre de 8 %.
La tuberculose touche prioritairement les personnes en difficultés sociales. Les migrants la contractent en France à cause de conditions de logement déplorables avec une promiscuité importante et également de mauvaises conditions d'hygiène.
Il y a en revanche peu de problèmes de résistances du BK aux antituberculeux (taux inférieur à 1 %). Cela traduit la capacité de notre système de santé à prendre en charge toute personne malade, même si elle n'a pas de couverture sociale.
Les cas de tuberculose sont dépistés à tous les stades : souvent à un stade peu symptomatique. A Paris, une équipe passe plusieurs fois par an dans les foyers pour faire une radiographie pulmonaire de tous les occupants sans préjuger de la légalité de la présence sur le territoire, ce qui permet de préserver l'anonymat et fait tomber les réticences. D'autres cas sont diagnostiqués en médecine de ville devant une simple symptomatologie associant toux et fièvre. Enfin, il y a des patients qui présentent des formes plus graves et évoluées qui arrivent directement à l'hôpital.
Une stérilisation rapide.
Une fois le diagnostic réalisé, la plupart des patients bénéficie d'une courte hospitalisation, suivie en cas de problèmes sociaux d'un séjour dans une maison de convalescence. La stérilisation est obtenue en moyenne en 15 jours de traitement et l'isolement n'est pas nécessaire au-delà dans la majorité des cas. Le patient peut alors mener une vie familiale, sociale et professionnelle normale sans danger de contaminer son entourage.
Le traitement de la tuberculose est bien codifié. La quadrithérapie est recommandée associant rifampicine, isoniazide, éthambutol et pyrazinamide, en utilisant chaque fois que cela est possible des formes combinées isoniazide-rifampicine (Rifinah), rifampicine, isoniazide et pyrazinamide (Rifater) ou les nouvelles associations (Rimcure, Rimstar, Rifamazide qui vont arriver sur le marché) afin de réduire le nombre de comprimés. Le traitement doit être au minimum de six mois : 2 mois de quadrithérapie et 4 mois de bithérapie et prolongé dans les formes graves cavitaires qui restent bacillaires deux mois après le début du traitement.
Les personnes traitées doivent être vues au moins mensuellement et une attention particulière doit être portée à la bonne prise du traitement. En général, de 15 à 30 % des patients ont une compliance insuffisante, le risque de non-prise du traitement est majorée lorsqu'il existe des problèmes d'alcoolisme et/ou des troubles psychiatriques.
L'évolution est en règle générale favorable, les décès surviennent sur des formes très évoluées, chez des grands alcooliques ou chez les personnes âgées.
La prévention est renforcée.
Le BCG est obligatoire en France pour entrer en collectivité ; la Direction générale de la santé va émettre de nouvelles recommandations concernant la non-revaccination en cas d'intradermoréaction négative.
Il faut évoquer la tuberculose en médecine générale lorsque l'évolution d'une infection pulmonaire reste défavorable après un traitement antibiotique classique.
En conclusion, la tuberculose reste une pathologie potentiellement grave, mais qui, grâce à l'efficacité du traitement, peut être éradiquée rapidement. Les flux migratoires, notamment en provenance de l'Afrique requièrent une vigilance particulière.
D'après un entretien avec le Pr Christos Chouaid, hôpital Saint-Antoine.
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