Antiquités
Le Salon des Antiquaires s'accompagne comme d'habitude d'une exposition culturelle consacrée cette année à l'art du cristal, et plus spécialement à l'ancienne cristallerie de la reine, au Creusot, en Saône-et-Loire, qui s'est installée, en 1787, à côté de la fonderie royale protégée, elle, par Louis XVI.
C'est aux Anglais que l'on doit l'origine de cette étrange association, quand, privés au XVIIe siècle de charbon de bois par les besoins en bois de la marine, les verriers du pays se virent contraints d'utiliser la houille comme combustible, et de se creuser la tête pour remplacer les fondants habituels devenus inefficaces. En essayant, entre autres, l'oxyde de plomb, ils obtiennent, sans le vouloir, du cristal. Comme quoi d'un mal sort souvent un bien. En 1782, une cristallerie au plomb voit le jour à Sèvres, à côté de la manufacture de porcelaines. Celle la même qui sera transférée cinq ans plus tard dans le beau bâtiment du Creusot, devenu aujourd'hui le Château-musée de la Verrerie.
La cristallerie du Creusot n'eut qu'une courte existence car deux ans après son inauguration arrivent les événements révolutionnaires. La production reprend sous l'Empire et atteint son apogée sous la Restauration.
À cette époque, l'ancienne cristallerie de la reine se heurte à la concurrence de Saint-Louis et Baccarat. Quand elle connaît des difficultés, au début des années 1830, elle doit éteindre ses fours et c'est Baccarat qui reprend ses modèles, sa clientèle et ses secrets de fabrication.
Il est aujourd'hui difficile de différencier les pièces fabriquées au Creusot de 1787 à 1832, des productions de Saint Louis et Baccarat, faute de marquage et d'identité régionale ; seules des traditions familiales dans la région même permettent de déduire une probabilité. On sait aussi que les ateliers du Creusot ont produit sous Charles X de magnifiques opalines aux couleurs rares, et que ce sont eux qui mirent au point la couleur jaune vif, particulièrement difficile à obtenir ; c'est aussi du Creusot que sortirent les premières boules presse-papiers à inclusions, improprement appelées sulfures.
Verre ou cristal, cet art de la transparence est curieusement oublié des antiquaires et des collectionneurs. On regrette, en revanche, le temps où les flacons de toilettes à côtes torses en cristal rose ou blanc se chinaient en garnitures complètes pour quelques centaines de francs, aujourd'hui, on n'en trouve plus à moins de 100 euros pièce.
Salon des Antiquaires, du samedi 24 mai au dimanche 1e juin, ouvert chaque jour de 11 h à 20 h, jusqu'à 22 h le mercredi 28. Parc Expo, avenue des Grands-Ducs-d'Occident. Entrée : 7,85 euros, TR : 6,35 euros.
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