Finalement, la réforme de la dépendance devrait passer avant la loi sur la fin de vie. Marisol Touraine semble, en effet, vouloir mettre les bouchées doubles sur ce qu’on appelle désormais la réforme de l’autonomie. Après l’adoption cette semaine du texte en conseil des ministres, elle a promis que les députés seraient saisis dès la rentrée, comptant visiblement faire mentir les mauvaises langues qui redoutaient que les mesures pour les âgés ne fassent les frais de la rigueur. Promise par le candidat Hollande, la réforme de la fin de vie devrait, à l’inverse, attendre plus que prévu. Elle était annoncée pour l’été et ne devrait a priori être déposée au plus tôt qu’à la fin de 2014, si l’on en croit les informations lâchées à quelques députés par le
Dr Jean-Marie Le Guen, ministre des relations avec le Parlement.
Cette inversion du calendrier obéit bien sûr à des considérations politiques et d’intendance sur lesquels on pourrait gloser à l’infini. Mais elle n’est pas non plus dénuée d’une certaine logique. à l’heure où l’on met en avant le droit à « mourir dans la dignité », on peut en effet se demander si cela ne passe pas d’abord par l’ouverture d’un vrai chantier de prise en charge de nos vieux. Ce premier volet législatif portera sur le maintien à domicile et c’est tant mieux. La grande majorité des personnes âgées vit, en effet, chez elle. Il ne faut pas l’oublier. Pourtant une récente étude de l’INED montrait que 69% des hommes et 59% des femmes décèdent in fine à l’hôpital. Contre leur gré pour la plupart. Et dans des conditions de panique, de solitude et de dénuement souvent dramatiques. Dès lors, permettre de vivre chez soi ses derniers instants relève de l’urgence. La France a mis du temps à le réaliser. Mieux vaut tard que jamais…
Il faut faire vite sur la dépendance. Rien n’oblige, en revanche, à se précipiter pour modifier la législation sur la fin de vie. Et le gouvernement, échaudé par douze mois de mobilisation de la « manif pour tous » est sûrement bien inspiré de laisser du temps au temps pour cette réforme sociétale. Consensus et sérénité sont des préalables à une bonne législation. Mais l’actualité pourait perturber ce tempo, avec l’ouverture jeudi du procès de l’urgentiste de Bayonne et l’audience du Conseil d’Etat sur l’affaire Lambert le 20 juin… Les points de vue devraient encore s’exacerber. Avec le risque que la réflexion centrée sur ces affaires exceptionnelles oublie les fins de vie ordinaires de ces 550 000 concitoyens qui décèdent chaque année.
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