Livres
Marie-Odile Beauvais a publié quatre livres, trois romans et ce récit autobiographique, chez quatre éditeurs différents. Du sort de « Egoïstes », paru chez Denoël en 1999, et de « L'Eté de Loulou ou les Plaisirs du jeune âge », sorti chez NiL en 2002, on ne sait rien ; en revanche, on comprend pourquoi c'est un tout nouvel éditeur qui a pris le risque de publier ce récit, qui est une charge au vitriol contre le mastodonte Grasset, chez qui étaient parues « les Forêts les plus sombres », en 1996.
Il n'est pas donné à tout le monde de voir son premier manuscrit, envoyé par la poste, accepté et publié par une maison d'édition aussi importante que Grasset. De quoi se plaint alors Marie-Odile Beauvais ? Tout simplement de ce qu'après avoir été encensée au-delà de ce qu'elle attendait ( « Je veux vous dire que vous êtes un écrivain, j'en suis sûre, que j'ai aimé votre livre, que vous avez un style, une vraie écriture, ça fait neuf ans que je fais ce métier, c'est la première fois que je ressens quelque chose de cet ordre, un tel choc... ») on l'a purement et simplement laissé tomber, elle et son livre.
Ça a commencé par des réticences, inattendues après ces compliments, de certains membres du comité de lecture ; puis on lui demande de renoncer au titre qu'elle avait choisi, « Natures mortes », on lui impose des corrections et on lui change, à son détriment pense-t-elle, sa quatrième de couverture. Et ça continue : la parution de l'ouvrage est reportée, si bien qu'il n'est pas en place au Salon du livre ; et lorsqu'enfin il sort il n'y a personne, ni l'éditrice qui l'a lancé parce que son rôle est terminé, ni l'attaché de presse tout entière occupée à promouvoir un autre jeune romancier sur lequel la maison a décidé de miser - Yann Moix - pour le défendre auprès des journalistes - lesquels, c'est bien connu, ne fonctionnent qu'au « copinage » - et donc le faire connaître du public. Silence complet.
Un témoignage haut en couleurs qui ne risque pas de changer les murs de l'édition parisienne mais que l'on espère libérateur pour son auteure !
Editions Melville/Léo Scheer,198 p., 17 euros
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