Décision Santé. La santé est-elle un marché d’avenir ?
Didier Tabuteau. Je ne suis pas convaincu par le terme de marché car la santé peut être autant un marché pour les entreprises privées qu’un secteur d’investissement pour la collectivité. En revanche, je n’ai pas de doute sur le fait que la santé soit un secteur d’expansion économique et sociale. Pendant quelques années, les dépenses de santé vont se stabiliser et ne pas augmenter plus vite, en valeur, que la richesse nationale. En revanche, si l’on se projette dans vingt ans, sauf catastrophe économique ou internationale majeure, la santé va continuer à croître en terme économique ainsi qu’en terme social. Une tendance qui sera liée à la fois à l’évolution du progrès médical mais également à la demande sociale. La santé devient un bien supérieur : plus le pays se développe et a des moyens économiques, plus il investit dans la santé et, normalement, dans l’éducation.
D. S. Qui doit répondre à cette demande croissante ?
D. T. Je pense qu’il s’agit d’un choix fondamentalement politique. Je crois qu’il est bon qu’il y ait un équilibre entre un secteur libéral, un secteur privé et un secteur public important. La santé est un domaine dans lequel il doit y avoir ces trois types d’acteurs. Je ne suis pas sur la même position en ce qui concerne les financeurs. La rationalité économique et la solidarité doivent conduire à privilégier un service public d’assurance maladie. Aujourd’hui, il est clair que la santé est un marché d’avenir pour les complémentaires santé. De mon point de vue, ce n’est pas forcément la bonne orientation. D’un point de vue économique, mais aussi pour conforter les solidarités, il serait bien que l’assurance maladie se fixe pour objectif de tout rembourser d’ici à dix ans. Les assurances ne devraient s’occuper que des consommations médicales choisies, alors que les consommations médicales subies du fait de l’état de santé devraient être prises en charge par une assurance maladie en reconquête.
D. S. Certes mais nous ne sommes pas vraiment aujourd’hui sur cette trajectoire…
D. T. C’est vrai, ce n’est pas la trajectoire actuelle. Mais la question se pose. Quand on voit qu’aujourd’hui, le déficit de l’assurance maladie est de six milliards d’euros, soit exactement le montant des frais de gestion des complémentaires, cela mérite attention, n’est-ce pas ?
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