Le Dr Didier Poupardin devra attendre jusqu’au 6 octobre prochain pour être fixé sur son sort. L’audience devant le Tribunal des affaires de Sécurité sociale de ce généraliste à qui la CPAM reproche une utilisation abusive de l’ordonnancier bizone s’est déroulée ce mercredi après-midi à Créteil. Attendu par une cinquantaine de membres de son comité de soutien, une nuée de caméras de télévision et des représentants d’Union Généraliste, dont son co-président Jean-Paul Hamon et un candidat de ce même syndicat pour les élections aux URPS en Ile-de-France, le médecin de quartier de Vitry-sur-Seine, à la belle barbe blanche désormais célèbre, a semblé se faire à la médiatisation de son affaire.
L’audience en elle-même a duré à peine plus d’un quart d’heure. Après avoir rappelé la réglementation de l’ordonnancier bizone, l’avocate de la CPAM du Val-de-Marne a dit que sur les 1 050 médecins généralistes du Val-de-Marne, huit ont fait l’objet d’un contrôle et deux d’une mise en demeure de rembourser des indus. Dans le cas du Dr Poupardin, « l’examen contradictoire des pièces a montré que dans une quarantaine de dossiers, le médicament prescrit dans la case du 100 % n’avait aucun rapport avec l’ALD » a rapporté Me Rachel Lefebvre, citant un assuré pris en charge pour un asthme sévère à qui le généraliste prescrit Doliprane, Lipanthyl et Simvastatine en haut du bizone. Selon l’avocate, les patients CMU-C ne sont pas ciblés par le contrôle médical car de toute façon pris en charge à 100 %. « Ce que fait le Dr Poupardin à titre prétendument social, cela revient en fait à faire supporter à la collectivité une charge qui est normalement pris en charge par les mutuelles privées » a souligné le conseil de la Sécu.
Un préjudice financier contesté, presque dossier par dossier par l’avocate du praticien, qui estime que « quand on regarde de près cela ne tient pas » et que les prescriptions de son client sont « conformes avec les recommandations de la HAS ». « Il s’agit d’une multitude de procédures faites dans le seul but d’essouffler le Dr Poupardin, a affirmé Me Carole Yturbide. On ne peut pas le condamner juste pour faire un exemple alors que la CPAM est de plus en plus gênée par la médiatisation de cette affaire ». Le praticien revendique et assume pourtant ces prescriptions au motif qu’il soigne pas des maladies mais des « personnes malades qu’on ne peut pas découper en morceau ».
Soutiens syndicaux
«J’attends que l’on reconnaisse que je n’ai pas commis de faute, a déclaré le généraliste à la presse à l’issue de l’audience. Mais il y aura aussi ensuite un débat à engager sur la question de l’accessibilité aux soins et l’exercice de la médecine générale dans les campagnes et dans les quartiers ». Le généraliste de Vitry-sur-Seine est officiellement soutenu par le SMG (Syndicat de la médecine générale). Le président de MG France, Claude Leicher, lui a écrit une lettre pour lui dire son « soutien dans cette confrontation avec la Sécurité sociale » : « autant nous sommes attachés à l’assurance-maladie qui permet aux assurés sociaux d’accéder aux soins, autant nous ne supportons plus le traitement que celle-ci réserve aux seuls médecins généralistes ».
Union généraliste, en pointe dans les histoires de « harcèlements » des médecins par les caisses ne pouvait pas rater l’affaire. Sans apporter officiellement son soutien à ce généraliste, dont les procédés restent en marge par rapport aux usages de la profession, le syndicat était tout de même présent, déployant une banderole devant les caméras de télévision pendant que le Dr Poupardin s’exprimait. « Nous sommes aux côtés de tout généraliste qui subit un harcèlement » a expliqué le Dr Dreux, candidat FMF aux élections aux URPS.
Pour sa part, peu impressionné par les demandes de la CPAM (2 612 euros de remboursements d’indus et 2 000 euros de dommages et intérêts), l’intéressé affirme qu’il va continuer à prescrire de la même façon pour ces patients en ALD. À l’issue de l’audience, il a lu une déclaration sur les marches du Palais de justice pour inviter son comité de soutien à une réunion le 6 octobre, jour de la décision du TASS. Le généraliste qui n’a jamais caché son engagement à l’extrême gauche en a profité pour, outre réclamer « la fin du bizone », dénoncer les CAPI « une prime à l’obéissance », stigmatiser « la privatisation de la Sécu » et souligner « la dévalorisation de la médecine dans les quartiers quand les honoraires des généralistes de secteur 1 stagnent et qu’ailleurs les dépassements s’envolent ». Aujourd’hui, le généraliste, aujourd’hui âgé de 64 ans, ne veut pas qu’on lui demande s’il continuera à exercer en cas de condamnation.
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