Un probiotique a été défini comme « un supplément à base de microorganisme vivant, qui a un effet bénéfique sur l'hôte en améliorant son équilibre microbien ». Un certain nombre de probiotiques ont été testés dans les diarrhées associées aux antibiothérapies : Lactobacillus acidophilus, L.casei GG, L.bulgaricus, Bifidobacterium bifidum, B.lungum, Enterococcus faecium, Streptococcus thermophilus et Saccharomyces boulardii. Leurs bénéfices ont été évalués dans des études, qui, pour la plupart ont exploré les potentialités préventives.
Le travail d'Aloysius D'Souza et al. (Londres) a consisté en une métaanalyse, après recherche sur Medline des travaux publiés entre 1996 et 2000, de neuf études répondant aux critères de comparaison en double aveugle contre placebo.
Deux des études portaient sur des enfants. Quatre utilisaient une levure (Saccharomyces boulardii), quatre des lactobacilles et une, enfin, s'intéressait à une souche d'entérocoques produisant de l'acide lactique.
Un odds ratio combiné de 0,37
Les odds ratio en faveur d'un effet préventif du probiotique, donné en association avec l'antibiotique sont de 0,39 (p < 0,001) pour la levure et de 0,34 (p < 0,01) pour le lactobacille. Ce qui donne un odd ratio combiné de 0,37 (p < 0,001) pour une action préventive d'un probiotique, comparativement au placebo.
Les diarrhées surviennent chez environ 5 % à 30 % des patients sous antibiothérapie. Presque tous les antibiotiques sont à même d'entraîner cet effet secondaire. Des facteurs liés à l'hôte ont été identifiés : un âge supérieur à 65 ans, une immunodépression, un séjour en unité de soins intensifs et une hospitalisation prolongée.
Les présentations cliniques peuvent être multiples, d'une diarrhée légère jusqu'à, rarement, une colite pseudo-membraneuse.
« La diarrhée associée aux antibiotiques résulte d'une rupture de l'équilibre de la microflore digestive normale. Cette microflore, constituée de 10 puissance 11 bactéries par gramme de contenu intestinal, forme un écosystème stable permettant l'élimination des microorganismes exogènes », explique Frédéric Barbut (hôpital Saint-Antoine, Paris) dans un éditorial. Le déséquilibre favorise une surmultiplication de microorganismes inducteurs de diarrhée, tels que Clostridium difficile (de 10 % à 25 % des cas).
Rapides, peu onéreux, faciles à administrer
Les probiotiques ont l'avantage d'être d'action rapide, peu onéreux, faciles à administrer et quasiment dénués d'effets secondaires. Ils sont également faciles à trouver, sous forme de capsules et produits laitiers disponibles dans les pharmacies, les magasins diététiques et les supermarchés. Il faut simplement rappeler les quelques cas de bactériémie rapportés avec l'utilisation de S.boulardii, qui doivent faire utiliser cette levure avec précaution chez les patients ayant une immunodépression.
Des modes d'action sont avancés par les auteurs de la métaanalyse. Saccharomyces boulardii et le lactobacille possèdent la propriété commune d'agir sur les processus immunitaires qui détruisent les microorganismes invasifs. S. boulardii, levure non pathogène éliminée de l'intestin dès l'arrêt de la supplémentation, a également cette propriété. Elle est de plus capable de détruire le récepteur des toxines A et B de Clostridium difficile en produisant une protéase. Quant aux lactobacilles, ils agissent par plusieurs moyens, et notamment un effet bénéfique sur l'immunité intestinale : augmentation des cellules sécrétrices des IgA et d'autres immunoglobulines au niveau de la muqueuse digestive, stimulation de la libération locale d'interféron. Ils facilitent également le transport des antigènes aux cellules lymphoïdes sous-jacentes et augmentent leur capture au niveau des plaques de Peyer. On a montré que Lactobacillus GG produit une substance antimicrobienne qui inhibe la croissance d' Escherichia coli, Clostridium difficile, Bacteroïdes fragilis et Salmonella.
« British Medical Journal », vol. 324, 8 juin 2002, pp. 1361-1364 et éditorial pp. 1345-1346.
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