«LA MALADIE VEINEUSE n'est pas toujours synonyme de varices. C'est ce qui fait toute sa difficulté diagnostique, puisque les signes physiques ne sont pas toujours corrélés à la symptomatologie décrite par les patientes», analyse le Dr Ulrique Michon-Pasturel . Lorsqu'elle intéresse le territoire superficiel, la maladie veineuse se traduit avant tout par une symptomatologie fonctionnelle douloureuse qui peut s'associer à des varices ou à des varicosités. Elle peut aussi être plus évoluée et entraîner des ulcères cutanés ou des thromboses veineuses superficielles. Lorsqu'elle intéresse le territoire profond, la maladie peut se révéler par une thrombose veineuse profonde ou d'emblée par des signes cliniques de syndromes post-thrombotiques tels qu'un ulcère variqueux. Il est donc essentiel de poser un diagnostic avant que les complications ne surviennent.
Douleurs, lourdeurs, picotements, crampes.
«L'interrogatoire est un moment fondamental qui permet souvent d'orienter le diagnostic. Les femmes qui souffrent d'insuffisance veineuse parlent de douleurs des membres inférieurs en rapport avec l'orthostatisme, de lourdeurs, de picotements ou de crampes améliorés par le repos. Il peut s'y associer un oedème en fin de journée. Devant toute symptomatologie de ce type, un examen clinique rigoureux en position debout doit être effectué afin de préciser l'existence éventuelle des signes d'incontinence veineuse et de reflux. Des signes associés cutanés doivent aussi être recherchés: dermite ocre malléolaire, varicosités, couronne phlébectasique du pied ou purpura. Devant des signes de reflux veineux, un examen Doppler permet de compléter le bilan et de déterminer si un geste thérapeutique est nécessaire», continue le Dr Michon-Pasturel.
Compression.
Chez les femmes jeunes sans signes d'incontinence veineuse clinique ou retrouvés à l'examen Doppler, un traitement permet de limiter le risque d'apparition de complications cliniques. La mise en place d'une compression est essentielle. Les chaussettes de classe I ou II doivent être portées dès le réveil. Il est important que la contention soit adaptée parfaitement au patient, que sa mise en place soit faite de façon rigoureuse, sans plis et sans tirer (la chaussette doit être posée sur la peau). La contention peut être associée à un traitement par veinotoniques doté d'une action antalgique.
Chez les femmes plus âgées, le recours à l'examen Doppler est plus systématique en raison du risque de complications cutanées d'une maladie veineuse profonde non traitée. «Là aussi, le premier geste thérapeutique passe par la prescription d'une compression (chaussettes, bas ou collant) en préférant le modèle qui est le mieux toléré par la patiente, ce qui constitue un gage de bonne compliance. Il est aussi possible d'y associer un traitement veinotonique.
Par ailleurs, l'existence de troubles de la statique du pied doit inciter à proposer une consultation podologique qui pourra permettre de rétablir une bonne adéquation avec le chaussage et de limiter les douleurs mécaniques qui peuvent être intriquées. Enfin, la peau doit être régulièrement hydratée avec des crèmes neutres hypoallergéniques telles que des cold-cream, conclut le Dr Michon-Pasturel.
D'après un entretien avec le Dr Ulrique Michon-Pasturel, médecin vasculaire, groupe hospitalier Paris Saint-Joseph.
Précieuses saphènes
Avant d'envisager une intervention chirurgicale par éveinage chez un patient qui souffre d'incontinence veineuse superficielle, la palpation des pouls distaux est un geste essentiel. Cette chirurgie d'ablation des saphènes limite en effet les possibilités d'utilisation ultérieure de greffons veineux chez les sujets souffrant à la fois de maladies artérielle et veineuse donc en cas de nécessité de pontage vasculaire périphérique qui utilise le « matériel veineux » saphène. Les éveinages abusifs pratiqués dans le passé ont privé des malades souffrant d'artériopathie de greffes vasculaires qui auraient pourtant pu leur être utiles.
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