LES TESTS se présentent sous la forme de deux bandelettes duplex. Elles correspondent respectivement aux classes de sérogroupes du méningocoque (A et Y/W135) et (C et Y). Les résultats sont obtenus en dix minutes à partir de quelques gouttes de LCR. Les bandelettes présentent d’autres avantages pratiques. Ainsi, il est montré qu’elles sont utilisables à 25 °C comme à 45 °C, températures souvent rencontrées pendant la saison de la méningite dans la « ceinture africaine de la méningite ». Un autre avantage important des nouveaux tests de diagnostic rapide est que leur conservation au réfrigérateur n’est pas obligatoire.
Du Sénégal à l’Ethiopie.
La « ceinture » représente les 21 pays où la méningite bactérienne constitue un problème sanitaire de premier plan. Cette région s’étend du Sénégal jusqu’à l’Ethiopie et le risque concerne une population de 250 millions d’habitants. La moitié des cas mondiaux de méningite à méningocoque ( Neisseria meningitidis) surviennent dans cette zone.
Chaque année, sur une prévalence de base de milliers de cas, on assiste à une recrudescence saisonnière de l’infection pendant la saison sèche. A cela s’ajoutent périodiquement des épidémies dévastatrices, pendant lesquelles on peut observer des taux d’attaque atteignant 1 000 cas pour 100 000 habitants.
En période interépidémique, les milliers de cas annuels sont dus à N.meningitidis, à S.pneumoniae et à H.influenzaeb.
Les tests ont été mis au point par les équipes de Farida Nato à l’Institut Pasteur à Paris et de Suzanne Chanteau au Cermes (Centre national de référence pour la méningite, Niamey, Niger) ; ils ont été validés au Niger sur des cultures de méningocoques et sur des liquides céphalo-rachidiens de malades. Leur spécificité et leur sensibilité en condition de laboratoire se sont révélées excellentes. Quant à la validation dans les conditions d’utilisation sur le terrain, c’est-à-dire dans les dispensaires de brousse, elle est encore en cours de réalisation par des infirmiers.
En Afrique, on ne peut mettre en culture les germes en cause que dans les capitales et les grandes villes. Les méthodes sans culture qui existent pour le diagnostic de la méningite à méningocoque sont coûteuses et peu pratiques à utiliser sur le terrain.
Ces tests devraient contribuer à améliorer dans les zones à risque l’alerte en cas d’épidémie et à fournir une meilleure prise en charge des malades.
En effet, l’évolution de l’incidence de différents sérogroupes de méningocoques dans la « ceinture de la méningite » complique les stratégies de vaccination. Les épidémies à méningocoque dans cette région étaient classiquement liées au sérogroupe A. Depuis quelques années, le sérogroupe W135 a été d’abord observé de manière sporadique. Mais en 2002 il a révélé son potentiel épidémiogène : une épidémie de grande ampleur a touché le Burkina.
Les vaccins contre ce sérogroupe (A/C/W135), produits en quantité réduite et coûteux, ne sont utilisables dans le cadre de la lutte contre une épidémie que dans si un diagnostic précis du sérogroupe a été posé.
Le sérogroupe X depuis deux ans au Niger.
A côté de cela, le sérogroupe X, contre lequel aucun vaccin n’existe actuellement, est de plus en plus prévalent au Niger depuis deux ans. Le risque épidémique lié à ce sérogroupe est réel et un test rapide est aussi en cours de développement à l’Institut Pasteur.
«La surveillance microbiologique des méningites bactériennes dans cette région d’Afrique est donc plus nécessaire que jamais, alors que les laboratoires restent rares et peu équipés», indique-t-on à l’Institut Pasteur. «Les tests bandelettes mis au point par les pasteuriens ont été conçus pour être adaptés à cette surveillance. Leur validation dans d’autres pays est prévue. Des tests seront produits au Cermes à la fin de l’année 2006, grâce à un transfert de technologie de l’Institut Pasteur et au soutien financier de sanofi-Pasteur.»
Publication dans la revue en accès libre : Suzanne Chanteau et coll. « PLoS Medicine » septembre 2006.
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