L'interprétation d'un son produit lors d'une respiration dépend de la qualité de ce son, de la méthode d'analyse et de l'expérience clinique de l'observateur. L'oreille humaine entraînée est ainsi parfaitement capable de reconnaître un whezzing (ou sifflement) ou des fréquences respiratoires graves. Or le wheezing représente l'un des signes annonciateurs des crises d'asthme, autant du point de vue des patients que de celui des médecins.
Si généralement pour mieux reconnaître le wheezing, les médecins utilisent un stéthoscope, des méthodes électroniques d'analyse de son par ordinateur ont aussi été mises au point au cours des dernières années. Du fait de leur sensibilité, ces nouvelles méthodes permettent de reconnaître des sons qui auraient pu passer inaperçus à l'examen clinique de routine. Mais actuellement, les techniques d'analyse par ordinateur ne sont disponibles que dans des centres hospitaliers spécialisés.
Transmis par Internet
C'est pour cette raison que l'équipe du Dr Kenneth Anderson a eu l'idée d'utiliser un enregistrement des bruits respiratoires au domicile du patient à l'aide d'un téléphone portable (GSM), le micro placé au niveau du cou au contact avec la trachée (5 cycles respiratoires). L'enregistrement est ensuite transmis par Internet à un laboratoire spécialisé qui procède à une analyse par ordinateur des sons enregistrés. Vingt patients - 10 de chaque sexe - âgés de 12 à 61 ans, ont été inclus dans l'étude. Sept d'entre eux étaient asthmatiques sous traitement.
Concomitamment à l'enregistrement par le biais du téléphone portable, un médecin a procédé, au domicile des sujets, à une analyse clinique des bruits respiratoires et à un examen fonctionnel respiratoire (peak-flow, volume expiratoire maximal seconde, capacité vitale grâce à un spiromètre portable) avant et après exercice physique. L'ensemble des enregistrements téléphoniques a été analysable et des anomalies ont été détectés chez 5 des patients. Il s'agissait majoritairement de sujets asthmatiques mal contrôlés par leur traitement (peak-flow abaissé de 50 % par rapport à la normale) et de patients présentant un asthme d'effort. « La mise en évidence d'anomalies à l'examen informatisé est significativement corrélée (p < 0,0001) au diagnostic clinique d'asthme. L'enregistrement et la transmission des sons n'ont en effet pas induit de distorsion », expliquent les auteurs.
Cette étude sur un petit nombre de sujets montre la faisabilité d'un transfert par GSM et Internet des bruits respiratoires. Une étude prospective rigoureuse devrait maintenant être mise en route afin de préciser l'intérêt de ces techniques associées à la mesure du peak-flow en médecine générale. Ces méthodes pourraient se révéler particulièrement utiles chez des patients souffrant d'asthme d'effort car, du fait des circonstance de survenue de la dyspnée, ils sont rarement examinés par leur médecin au moment des crises. Enfin, des mesures systématiques lors des pics de pollution pourraient donner des informations épidémiologiques fort utiles.
« The Lancet », vol. 358, pp. 1343-1344, 20 octobre 2001.
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