Le diabète représente environ 5 % des causes de décès. « L’analyse des certificats de décès donne une vision très imparfaite car elle sous-estime probablement le poids du diabète », a souligné le Dr Jean Dallongeville (Institut Pasteur, Lille). Depuis 1997, les certificats de décès mentionnent non seulement la cause mais aussi les pathologies associées, ce qui a tendance à diluer la responsabilité causale du diabète. Idem pour les changements de terminologie ou les difficultés à attribuer la cause princeps du décès Il est souvent aléatoire de coter infarctus ou diabète lorsque le diabétique est décédé d’un accident cardiaque. Même les experts des essais cliniques s’y perdent pour l’adjudication des causes de décès ! On estime que l’espérance de vie d’un diabétique est aujourd’hui diminuée de 4,3 ans chez les hommes et de 2,2 ans chez les femmes selon les données (2002) présentées par le Pr Jean-Jacques Altman (Hôpital européen Georges Pompidou, Paris). Alors, le diabétique meurt-il du cœur ? « Oui, mais pas toujours », a répondu le Pr Christophe Bauters (CHRU, Lille). La mortalité est variable en fonction de la population étudiée. Il est évident qu’un diabétique multitronculaire à fonction ventriculaire gauche altérée a un risque de 70 % de mourir du cœur alors qu’un diabétique ayant un cancer a 10 % de risque de décéder d’une cause cardiovasculaire. La situation s’est améliorée avec le temps. En 1990, trois quarts des diabétiques décédaient d’une cause cardiovasculaire et en 2004, moins de 50 % sont morts de cause cardiaque. Une évolution à mettre sur le compte d’une meilleure prise en charge et d’un dépistage plus performant. Un registre du Danemark relève une proportion de 60 % de décès cardiovasculaire chez les diabétiques n’ayant jamais eu d’infarctus. Bien sûr, ce pourcentage s’élève chez les diabétiques ayant déjà souffert d’un infarctus.
Des coronaires complexes
Le diabétique a un risque d’atteinte coronaire plus diffuse, les scores d’extension authentifiant des lésions plus étendues que chez les non diabétiques. Pour corser l’affaire, l’ischémie silencieuse est fréquente rendant le diagnostic difficile en raison de l’absence de symptômes angineux. Après syndrome coronaire aigu, le pronostic est moins favorable. « Selon le registre GRACE, il y a un surrisque quel que soit l’âge ou le type d’infarctus » précise le Dr Bauters. La revascularisation chirurgicale ou interventionnelle réduit nettement la mortalité à un an par rapport à la stratégie conservatrice. La très récente étude SYNTAX (Synergy Between PCI With Taxus and Cardiac Surgery) semble privilégier encore le pontage. « Il n’y a pas encore d’équivalence entre l’angioplastie et le pontage chez le diabétique », note le spécialiste. L’étude FREEDOM (Future Revascularization Evaluation in Patients with Diabetes Mellitus: Optimal Management of Multivessel Disease) permettra de trancher sur le meilleur mode de revascularisation. Côté prévention, la situation est claire : « le diabétique répond de façon homogène aux traitements classiques même si on n’efface pas totalement le sur-risque », indique le Dr Bauters.
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