En plus d’un traitement classique de leur diabète, la moitié des 10 000 patients inclus dans l’étude FIELD (Fenofibrate Intervention and Event Lowering in Diabetes) recevait 200 mg par jour de fénofibrate micronisé et l’autre moitié un placebo. Les patients étaient âgés de 50 à 75 ans (en moyenne 62 ans), devaient avoir un diabète de type 2 ainsi qu’un taux de cholestérol total compris entre 3 et 6,5 mmol/L (plus un taux de HDL-C d’au moins 4 mmol/L et des triglycérides entre 1 et 5 mmol/L). Etaient exclus de l’essai, les patients ayant une atteinte hépatique, rénale ou un antécédent cardiovasculaire récent (de moins de trois mois).
Après un an et demi de suivi, le groupe de patients sous fénofibrate micronisé voyait déjà sa courbe cumulative du nombre d’amputation se séparer de celle du groupe placebo. Une tendance qui se confirmait par la suite. Parmi les 115 patients qui devaient subir une amputation au cours des cinq ans de suivi, 45 provenaient du groupe fénofibrate micronisé et 70 du groupe placebo. Les auteurs ont ainsi pu calculer que le nombre de patients à traiter (NNT) pour éviter une amputation était de 197. Rappelons qu’il faut en traiter 90 (sans antécédent de rétinopathie) avec le même médicament pour éviter un traitement au laser, 68 pour éviter la progression de la néphropathie et 71 pour éviter au moins une complication cardiaque.
46 % d’amputations mineures en moins
Bien sûr, les bénéfices sont encore plus grands chez les patients à risque puisqu’il suffit de traiter avec du fénofibrate micronisé 17 patients ayant des antécédents de rétinopathie pour éviter un traitement au laser et 23 patients dyslipidémiques pour éviter un événement cardiovasculaire. Cette même efficacité est donc retrouvée s’agissant des amputations, puisqu’il est possible d’en éviter une à chaque fois que l’on traite 25 patients ayant des antécédents d’ulcères.
Il faut néanmoins distinguer les amputations mineures et les amputations majeures (au-dessus de la cheville). Ce sont les premières qui ont été réduites de 46 % grâce au fénofibrate micronisé. Dans l’étude FIELD, 65 patients durent subir une amputation mineure (et 50 une amputation majeure. En examinant le profil des patients n’ayant dû subir qu’une (!) amputation mineure, les auteurs remarquent qu’il y en avait plus ayant à l’inclusion une atteinte microvasculaire (65 % vs 45 % dans le groupe « amputation majeure »), en particulier une neuropathie (60 % vs 36 %). Ces patients avaient toutefois une PA systolique inférieure d’un demi-point (142 mmHg versus 148) et moins d’antécédent de maladie CV (48 % vs 72 %). Quant aux facteurs les plus prédictifs d’amputations, il s’agit des antédents d’amputation ou d’ulcère du pied (risque x 5,6), de neuropathie (x 2,7) et d’artériopathie péripéhrique (x 2,5). Pour en revenir à l’effet du fénofibrate micronisé, il semble indépendant du niveau de contrôle glycémique et de l’utilisation d’IEC ou d’Ara2, « ce qui suggère, pour les auteurs, que l’effet du médicament vient s’ajouter aux autres mesures ».
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