PRATIQUE
Sujet très vaste et très restreint à la fois, car il n'y a pas à proprement dit de complications spécifiques rhumatologiques liées au diabète, sauf quelques arthropathies nerveuses très exceptionnelles dans des diabètes très évolués, faisant suite à des destructions osseuses, notamment au niveau du pied. Actuellement, ce type de complications n'est pratiquement jamais vu et appartient au domaine historique.
En revanche, ce qu'on sait être associé au diabète - mais non spécifique de celui-ci -, ce sont les algodystrophies, essentiellement du membre supérieur (syndrome épaule-main). Ces maladies évoluent en deux phases : une phase d'inflammation accompagnée de douleurs, une phase de limitation progressive de l'articulation.
C'est une affection qui fait intervenir des modifications du système sympathique et de l'innervation de l'articulation. Les causes en sont multiples et souvent méconnues ; le diabète en est une.
Devant une algodystrophie, qu'elle soit au niveau de l'épaule ou de la main, il faut toujours penser à la possibilité de l'existence d'un diabète.
Il n'existe aucun traitement préventif de cette pathologie, et le traitement de l'algodystrophie chez le sujet diabétique n'est pas différent de celui des autres sujets (traitements symptomatiques à base d'antalgiques, d'anti-inflammatoires, infiltrations, etc., pendant la phase inflammatoire et kinésithérapie pendant la phase rétractile de l'articulation).
Cette affection spectaculaire au bon pronostic est, malgré les traitements, longue à guérir (au moins dix-huit mois).
Autre affection rhumatologique, fréquemment rencontrée chez le sujet diabétique (chez 15 à 20 % d'entre eux), est la maladie de Dupuytren, caractérisée par une sclérose rétractile de l'aponévrose moyenne palmaire, entraînant douleurs et, à terme, une flexion irréductible des doigts.
Le traitement est soit chirurgical, soit effectué par une aponévrotomie percutanée à l'aiguille. Au niveau du pied, une pathologie analogue peut être retrouvée. Cette affection est également observée chez l'éthylique chronique.
Le problème du diabète en rhumatologie est qu'il favorise les infections. La vigilance sur le risque infectieux est donc de rigueur pour éviter des arthropathies infectieuses, notamment au niveau du pied, où des troubles de la sensibilité sont très souvent présents, accentuant le risque. D'où l'existence, en milieu hospitalier, de soins de pédicurie très soigneux chez les diabétiques.
Si le rôle du diabète est méconnu dans l'instauration des ostéonécroses aseptiques des épiphyses, de nombreux spécialistes le considèrent comme un facteur favorisant, au même titre que la corticothérapie, la radiothérapie, l'hypertriglycéridémie. Cette affection est caractérisée par une mortification de l'os liée à une mauvaise irrigation vasculaire.
Enfin, dans le diabète de type 1, chez le sujet jeune, un parallèle diabète-maladies auto-immunes peut être fait dans quelques cas rares.
Un point très important chez les diabétiques est le problème des infiltrations de corticoïdes pour les traitements de pathologies rhumatismales en général. Très souvent, les médecins sont réticents à prescrire ce type de traitement. Pourtant, le diabète n'est pas une contre-indication, exception faite d'un diabète complètement déséquilibré. Les infiltrations, même pour un traitement local, vont donner lieu à un passage systémique du produit et, pendant quelques jours, vont déséquilibrer le diabète ; mais rapidement, en quelques jours, on assiste à un retour à la normale.
En conclusion, s'il n'y a pas à proprement parler de complications rhumatismales dans le diabète, on constate toutefois que le diabète apparaît comme un facteur favorisant de certaines pathologies rhumatismales, que la présence de certaines pathologies rhumatismales est plus élevée chez les sujets diabétiques que dans la population générale.
Propos recueillis auprès du Dr Hilliquin, rhumatologue (hôpital de Corbeil).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature