Le coaching consiste essentiellement à motiver régulièrement le patient lorsqu'il doit changer ses habitudes de vie. C'est le cas des régimes ou de la lutte contre la sédentarité. La prescription médicale initiale est souvent brève, pas assez concrète et proche des habitudes de vie du patient. Elle répond rarement aux interrogations du patient et de son entourage. Le relais par un suivi régulier permet de combler ces lacunes. Il peut s'agir d'un rendez-vous fixé au cabinet, au centre de soins, ou au domicile généralement par une équipe paramédicale.
Le plus souvent l'intervention est téléphonique, pour des raisons pratiques (pas de déplacement) et économiques. La notion de proactivité semble importante dans le coaching téléphonique : c'est l'équipe qui appelle le patient et pas le contraire. Chaque appel se conclut par la prise d'un rendez-vous téléphonique suivant. Les diabétologues français le pratiquent déjà en partie, sans le savoir, à travers les hospitalisations de jour, les services d'éducation ou les conseils téléphoniques.
Si la formation initiale des diabétiques est le plus souvent complète (trop ?), le suivi proactif est quasi inexistant ; or, c'est ce qui, semble-t-il, fonctionne le mieux. Autre intérêt, il peut être effectué par du personnel paramédical entraîné, dégageant du temps pour les médecins et bien sûr à moindre coût. Le coaching qui s'intéresse essentiellement aux facteurs environnementaux et à l'observance est différent des réseaux de soins centrés sur la prise en charge de la maladie.
Pharmacien, infirmières
Les auteurs ont comparé un coaching des modifications du mode de vie par un pharmacien travaillant dans une communauté indienne aux Etats-Unis, sur l'équilibre du diabète évalué par l'hémoglobine glyquée chez des diabétiques de type 2 après six mois de prise en charge. Le rôle du pharmacien consistait à donner des conseils alimentaires (diversification, réduction des graisses, du sel...), de lutte contre la sédentarité (marche, activité physique...) et d'observance thérapeutique. Cent onze patients, avec un taux d'hémoglobine glyquée supérieur à 7 %, ont été randomisés en deux groupes, recevant soit des conseils trimestriels, soit le coaching toutes les deux semaines. Ces conseils ont été donnés par les pharmaciens et les patients continuaient à voir leur personnel soignant habituel. Les groupes contrôles ont reçu les consignes habituelles standards.
Les niveaux d'hémoglobine glyquée ont été mesurés au début, à trois et à six mois. Le niveau d'hémoglobine glyquée diminue significativement dans les deux groupes, mais avec une réduction plus importante dans le groupe bénéficiant d'un coaching, passant de 9,5 à 6,8 %. Ce sont les diabétiques les moins bien équilibrés qui ont eu le plus de bénéfice du coaching par rapport aux soins habituels.
Une autre expérience menée par des infirmières met en évidence des résultats proches avec une amélioration du poids, de la diététique et de l'activité et une participation de 96 % des femmes.
Au Royaume-Uni, ce sont 1 407 sujets diabétiques hypertendus ou dyslipidémiques qui ont été randomisés pour un coaching par des infirmières, avec un taux d'atteinte des objectifs 37 % plus élevé à un an dans le groupe suivi (p = 0,003). L'efficacité était plus importante pour les dyslipidémie (+ 69 % ; p = 0,0007), avec une réduction de la mortalité de 45 % (0,32-0,92 ; p = 0,02).
En Californie, chez 693 patients de tous âges, le coaching est associé à une meilleure qualité de vie et une baisse du taux d'HbA1C (Landis).
Une démarche similaire a été testée dans une étude pilote chez des enfants scolarisés et diabétiques de type 1, grâce à des infirmières scolaires, montrant une amélioration sensible de la prise en charge de ces enfants (Faro).
Les expériences européennes manquent dans un domaine qui nécessitera de plus en plus d'interventions non directement médicales pour des raisons de démographie et de coûts de santé.
La Nouvelle-Orléans. 63e Congrès de l'American Diabetes Association.
Communications de David Scott (Sioux City, Etats-Unis), R. Whittemore (New Haven), J. New (Salford, Grande-Bretagne), D. Landis (Salinas, Californie) et B. Faro (Rochester).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature