Si différentes études, telles que l'UKPDS, ont montré que le contrôle de l'hyperglycémie, de l'hypertension et des dyslipidémies permet de retarder l'apparition des complications chez des diabétiques de type 2, aucun travail n'avait jusqu'à présent évalué la faisabilité de ce type d'approche en médecine générale.
L'équipe du Dr Niels de Fine Olivarius (Danemark) a contacté les deux tiers des médecins danois pour les inviter à participer à une étude à long terme sur l'intérêt d'une prise en charge intensifiée des malades nouvellement diagnostiqués, suivis exclusivement en médecine générale. Sur les 1 902 médecins contactés, 484 ont accepté de participer à l'étude. Les praticiens ont été randomisés soit pour appliquer un traitement conventionnel du diabète de type 2, soit pour une prise en charge plus structurée (consultations systématiques tous les quatre mois, recherche des complications tous les ans, consultations d'éducation du patient). Les médecins du second groupe ont reçu une formation détaillant les objectifs à atteindre en matière de glycémie à jeun, < 7 mmol/l, de glycémie postprandiale, < 9 mmol/l, d'hémoglobine glyquée, < 7 %, de pression artérielle diastolique, < 90 mmHg, de cholestérolémie totale, < 6 mmol/l, et de triglycéridémie < 2 mmol/l).
Un suivi sur 6 ans
Au total, ce sont respectivement 614 et 649 patients de plus de 40 ans qui ont bénéficié du suivi entre 1989 et 1995. Dans les deux groupes, des sujets sont décédés et certains autres ont refusé de continuer à participer à l'étude. L'analyse finale des données a donc été possible pour 459 personnes dans le groupe traitement intensif, contre 415 dans le groupe traitement classique. « Nous avons constaté que les sujets du groupe traitement intensif n'étaient plus, après 4 ans, que 79 % à subir un examen rigoureux annuel à la recherche de complications de la maladie. Le maintien d'une consultation trimestrielle a, lui aussi, été difficile dans ce groupe (près de 40 % des patients ne consultaient en effet plus de façon régulière). Enfin, la proportion de sujets satisfaisant aux objectifs thérapeutiques est passée de 68 % à l'entrée dans l'étude à 63 % au bout de 6 ans, malgré les moyens mis en œuvre par le médecin », expliquent les auteurs.
Recours identique aux médicaments
A l'issue du suivi, les investigateurs n'ont noté aucune différence entre les deux groupes en matière de poids moyen, d'incidence de l'hypertension artérielle, de la pression artérielle systolique, de taux de cholestérol et de triglycérides. Le recours à des médicaments antidiabétiques a aussi été équivalent dans les deux groupes (sulfamides, biguanides et insulinothérapie), ainsi que l'incidence du tabagisme, la pratique du sport et le recours à des régimes hypocaloriques-hypoglucidiques.
La prise en charge intensive a néanmoins permis de bons résultats cliniques à 6 ans dans certains domaines : pression artérielle systolique (145 contre 150 mmHg), glycémie à jeun (7,9 contre 8,7 mmol/l), hémoglobine glyquée (9 contre 8,5 %) et absence de glycosurie (22 contre 37 %).
Pour les auteurs, « cette étude de suivi à long terme des pratiques en médecine générale montre qu'une prise en charge intensive des diabétiques de type 2 nouvellement diagnostiqués permet de limiter l'apparition de complications à moyen terme en contrôlant de façon plus stricte les taux de glycémie des patients ».
« British Medical Journal », vol 323, pp 971-974, 27 octobre 2001
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