Dans le diabète gestationnel, il n’existe malheureusement pas de consensus international sur les stratégies de dépistage, les outils diagnostiques et les seuils. Mais l'International Association of Diabetes in Pregnancy Study Groups (IADPSG) devrait mettre fin à cette lacune. En effet, cette association a élaboré en mars dernier des critères diagnostiques (voir encadré) qui seront probablement adoptés par tous. Des critères qui ont été mis à l’épreuve dans trois études européennes exposées à l'EASD 2010. Elles valident leur pertinence et leur caractère plus discriminant. Avec à la clé, l’identification de parturientes à risque, auparavant ignorées, et présentant des troubles du métabolisme glucidique et des complications obstétricales similaires aux femmes ayant un diabète gestationnel selon les critères standard de l’OMS.
Particularités ethniques
Les nouveaux critères diagnostics mettent en lumière la grande intra- et intervariabilité des fréquences de diabète gestationnel dans le monde. Mis à l’épreuve dans l’étude HAPO (1), ils ont permis de diagnostiquer un diabète gestationnel chez 16,1 % de la population étudiée. 1,7 % supplémentaires ont été découverts grâce à une valeur de glucose (au test oral de tolérance au glucose) au-dessus des seuils prédéfinis, portant à 17,8 % la prévalence globale. C’est ainsi que les fréquences (non-ajustées) de diabète gestationnel vont de 22,9 % à Bellflower (USA) à 16,5 % à Chicago et 14,2 % à Providence, de 8.7 % à Beersheba (Israël) à 13,6 % à Newcastle et de 12,1 % à Brisbane à 15,5 % à Belfast. « Les variations entre les 15 centres sont considérables, conclut le Dr D.R. Hadden, auteur principal. Elles sont dues aux âges maternels, aux fréquences des histoires familiales de diabète et d'hypertension, de l’IMC. Lorsque les résultats sont ajustés sur ces variables, les différences, certes, s'amenuisent, mais restent néanmoins bien réelles et reflètent selon toute probabilité les particularités ethniques ».
Des femmes à risque enfin identifiées
Des femmes nouvellement repérées grâce aux critères IADPSG, possèdent toutes les caractéristiques métaboliques et les conséquences sur la grossesse typique du diabète gestationnel. Par rapport aux femmes identifiées comme ayant un diabète gestationnel selon les anciens critères de Carpenter et Coustan*, ces femmes sont plus jeunes d’un an (32,4 versus 33,4 ans) et ont un indice de masse corporelle pré-conceptionnel moins élevé d’un point (23,7 kg/m2 versus 24,7). Ces caractéristiques ont été mises au jour par une seconde étude, italienne (2), qui a, de plus, identifié 2,8 % de femmes de l’étude qui auraient été considérées comme indemnes de diabète gestationnel selon les critères de Carpenter et Coustan.
De plus, ces femmes ont un risque accru de complications néonatales. Les critères IADPSG détectent aussi plus de femmes à risque de réelles complications obstétricales. Précisément 3 %, selon une l’étude longitudinale prospective menée dans cinq centres autrichiens sur 1 466 femmes (3). Au moyen d’un screening effectué entre la 24e et la 28e semaine de gestation chez des femmes avec facteurs de risque, 49 % des femmes ont été diagnostiquées avec un diabète gestationnel selon les critères IADPSG, versus 46 % selon les critères de 1998 (4), soit un contingent de 3 % de femmes repérées en plus. Celles-ci avaient effectivement un taux plus élevé de complications obstétricales : +6,1% de macrosomie (poids de naissance supérieur au 90e percentile en fonction de l’âge gestationnel), +3,26 % de césariennes. Ce qui fait dire au Dr Prikoszovich, l’un des auteurs de l’étude, que « chaque femme devrait être dépistée selon ces critères entre la 24 et la 28e semaine de gestation ».
(2) Analysis of pregnancies after new IADPSG recommendation.
(3) Austrian Gestational Diabetes Study 2001-2004 AGDP.
(4) 4e international Workshop conference of GDM : GDM-WC4/1.
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