L'insulinothérapie a progressé ces dernières décennies au travers de la purification des extraits (insuline animale de bœuf, porc, saumon...), l'utilisation du génie génétique (insuline « humaine »), puis la mise à disposition de matériel d'injection moins traumatisant (les « stylos »).
Depuis une dizaine d'années, la recherche s'est orientée vers de nouvelles voies d'administration. La première fut la voie nasale, le développement allant jusqu'aux phases cliniques. Le frein en fut la tolérance de la muqueuse nasale. L'insuline inhalée (voie pulmonaire) a pris le relais grâce aux appareils inhalateurs comparables à ceux utilisés par les asthmatiques. Elle devrait être disponible sur le marché dans les prochaines années, mais de nombreuses questions persistent sur ses effets à long terme sur la fonction pulmonaire de patients déjà fragilisés par leur maladie.
Nez, poumon, peau
La voie transcutanée utilise des patchs un peu plus sophistiqués que ceux familiers aux praticiens dans le traitement hormonal de la ménopause ou la délivrance de dérivés nitrés. Ces patchs, équipés d'une batterie, « percent » la peau de minuscules orifices, sur lesquels est appliquée l'insuline qui diffuse progressivement. Une version d'une durée de douze heures existe, un développement est en cours pour un patch de 24 heures. Là aussi, les effets à long terme sur les sites d'injection sont à évaluer.
La voie la plus simple serait la voie orale. Le problème est double : dégradation gastro-intestinale comme toute protéine, et surtout taille importante de la molécule empêchant son passage à travers la barrière intestinale. La combinaison avec un autre agent permet de lever ces freins. Deux approches ont été présentées.
Deux approches
L'une (HIM2) utilise un mono conjugué d'Hexyl-insuline (Nobex/GSK) ; et l'autre, un composé fait d'insuline et d'un adjuvant appelé « emisphère » (de la compagnie portant le même nom).
Avec l'insuline ou l'emisphère seuls, il n'y a aucune absorption. Avec le composé (insuline + emisphère), après administration par voie orale, le pic maximal de concentration plasmatique est observé à 25 minutes. La tolérance est bonne, les seuls effets secondaires étant ceux recherchés : une hypoglycémie. Chez des sujets non diabétiques, le nadir précoce de l'insulinémie suggère une absorption duodénale. Les auteurs observent une réduction de 50 % de la glycémie et du peptide C, témoignant chez ces sujets non diabétiques d'un bon ralentissement de la fabrication endogène d'insuline.
L'insuline orale HIM2 a été étudiée de manière randomisée chez six diabétiques adultes de type 1 en fonction des horaires de repas : quinze minutes avant, juste avant, ou après. L'efficacité maximale est observée lorsque l'insuline est donnée quinze minutes avant le repas, avec un pic maximal et une aire sous la courbe plus importants.
L'intérêt de la voie orale est d'éviter les contraintes de l'injection et de fournir une insuline immédiatement disponible peut-être de manière plus précoce dans l'histoire naturelle de la maladie qu'actuellement.
San Francisco. 62e Congrès de l'Association américaine du diabète (ADA). D'après les communications de R. Abbas (New York), S. Clement (Washington), M. Kidron (Jérusalem).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature