L'épidémiologie du diabète de type 2 intéresse aujourd'hui l'ensemble des pays du globe, y compris les pays en développement qui apparaissent particulièrement vulnérables.
Le Pr Anders Green (Danemark), qui considère cette maladie comme un reflet direct du mode de vie moderne, alliant sédentarité et excès alimentaire, a réactualisé les données sur le sujet. Pour ce spécialiste, il existe huit grandes régions de même niveau de développement qui permettent des comparaisons et des projections : le groupe Europe de l'Ouest - Canada - Etats-Unis, l'Europe de l'Est, la Chine, l'Inde, les Caraïbes, l'Amérique latine, le Moyen-Orient, l'Indonésie. La répartition de la prévalence en fonction des tranches d'âge (20-44 ; 45-64 ; 65 ans et plus) est un autre élément important à prendre en considération.
Aujourd'hui, le nombre de diabétiques de type 2 est évalué à 140 millions dans le monde. Les personnes concernées sont principalement les plus de 65 ans dans les pays développés, alors que les tranches d'âge des 20-44 ans et des 45-64 ans sont également concernées dans les pays en développement.
Dans les vingt-cinq années qui viennent, d'après les projections réalisées à l'aide d'indicateurs spécifiques des pays (future urbanisation, PIB, démographie), on estime que 300 millions de personnes seront touchées par cette maladie. Cette estimation est d'ailleurs probablement sous-évaluée, car les données actuelles sur le diabète de type 2 ne concernent que la population adulte.
Dans certains pays, on ne sait rien des cas de diabète chez les enfants et les adolescents, ni même des données démographiques.
Dans les pays occidentaux, l'Europe de l'Ouest, notamment, la répartition dans la pyramide des âges devrait rester stable. L'augmentation modérée du nombre de cas résultera principalement du vieillissement de la population.
Les 20-44 ans et les 45-64 ans seront concernés
En revanche, dans les pays le plus à risque (Inde, Bangladesh, Chine, Brésil, Indonésie, Pakistan, Irak, Egypte, Mexique, Etats-Unis), l'explosion de la prévalence devrait se faire dans les tranches d'âge les plus jeunes (20-44 ans , 45-64 ans). Dans certains pays qui disposent d'aucune donnée démographique sur les moins de 18 ans, il est bien difficile d'estimer l'ampleur de l'épidémie future.
Glasgow. Congrès de l'EASD. Communication du Pr Anders Green (Danemark).
L'Australie est particulièrement touchée
Une étude récente (mai 1999, décembre 2000), réalisée auprès de 11 247 adultes de plus de 25 ans, a retrouvé 7,5 % de sujets diabétiques de type 2, dont la moitié s'ignorait (8 % d'hommes, 7 % de femmes). La prévalence augmentait de 0,3 % parmi les 25-34 ans à 23,6 % chez les plus de 75 ans. En ajoutant à ce chiffre l'ensemble des sujets présentant des anomalies du métabolisme du glucose (hyperglycémie à jeun ou postprandiale), l'équipe du Dr Shaw (Melbourne) a constaté qu'un Australien sur quatre souffre d'un diabète ou d'une intolérance au glucose. A noter que l'intolérance au glucose était plus fréquente chez les femmes (12 % vs 9,2 %), alors que les hommes étaient prédisposés à l'hyperglycémie à jeun (8,1 % vs 3,3 %).
Le diabète coûte cher aux Chinois
Les autorités sanitaires chinoises s'inquiètent du fardeau économique du diabète de type 2. Une étude portant sur le coût de la prise en charge hospitalière des patients de 1995 à 1999 (1 509 admissions) a montré que celui-ci avait été multiplié par 4, essentiellement en raison du prix et du nombre des médicaments d'importation, car, parallèlement, la durée d'hospitalisation a baissé. Cette étude a également révélé aux autorités que les diabétiques hospitalisés pour des affections autres que celles liées au diabète coûtaient plus cher, du fait des complications, que les autres patients. Avec trente millions de Chinois diabétiques aujourd'hui, et probablement le double prochainement, le gouvernement a de quoi s'inquiéter.
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